La plume empoisonnée d’Agatha Christie

Je n’avais pas le moral (comme d’habitude me direz-vous) et je me suis dit que ce qui marchait pour les autres pouvait marcher pour moi : lire un Agatha Christie (il faut voir que j’ai les quatre premiers volumes de l’intégrale dans ma PAL). J’ai choisi La plume empoisonnée d’autant qu’était disponible la « dramatisation » de la BBC.

Le livre ne fait intervenir Miss Marple qu’à la toute fin. En effet, le narrateur est Jerry Burton. Au début de l’histoire, il vient d’avoir un accident d’avion et ne tient plus beaucoup sur ses deux jambes. Pour sa convalescence, son médecin lui conseille d’aller à la campagne, où jamais rien ne se passe et où donc le repos est possible (c’est à mon avis une méconnaissance complète de la campagne anglaise). Il y va avec sa sœur Joanna, londonienne jusqu’au bout du doigt de pied et donc très délurée pour la campagne, pour que celle-ci puisse prendre soin de lui. Ils vont louer le cottage de Miss Emily Barton car celle-ci a besoin d’argent (elle ne logera pas loin car elle ira chez une ancienne domestique à elle). Le frère et la sœur commence à se faire à leur nouvelle petite vie tranquille quand ils reçoivent une première lettre anonyme où il est écrit noir sur blanc qu’ils n’ont pas les liens de famille qu’ils prétendent ! Bien sûr, c’est totalement faux.

Ils vont d’ailleurs découvrir qu’ils ne sont pas les seuls victimes de ce corbeau. Sa caractéristique : ne jamais dénoncer les véritables scandales qui touchent la petite ville de Lymstock, mais seulement en inventer des totalement faux. Deuxième caractéristique : personne n’est épargner. Jusqu’au jour où ce fameux corbeaux va taper juste et où la femme du notaire va se suicider, laissant seul deux garçons et une fille d’un premier mariage. La petite ville rentre en émoi et demande l’arrestation de ce tueur par procuration !

L’enquête commence alors réellement. Elle ne sera donc pas mener par Miss Marple mais par Jerry. Il interroge tout le monde sans avoir l’air d’y toucher, coopère avec la police et Scotland Yard. Il a des éclairs inconscient de lucidité mais c’est Miss Marple qui résoudra tout le problème.

Il faut dire pour sa défense qu’il est bien occupé à tomber amoureux de la fille de la défunte, laissée pour compte par sa famille et par la village alors que Jerry va y déceler un diamant à l’état brut. Même sa sœur va trouver l’amour dans ce village (elle pour qui est tout est si facile aura tout de même du mal à saisir son amoureux).

Vous l’aurez compris, il n’y a pas vraiment d’enquête mais plutôt une charmante description des mœurs de la campagne anglaise et de deux très gentilles petites histoires d’amour.

Le dénouement n’en a été que plus surprenant pour moi puisque je n’étais absolument pas dans l’histoire du corbeau mais plutôt en train de siroter mon thé et de papoter tranquillement. Comme Joanna, j’avais repéré que Jerry s’aveuglait rapidement au sujet de la fille (j’avais parié que c’était elle mais ce n’est pas vrai rassurez-vous) mais c’est tout.

La « dramatisation » du livre par la BBC adopte une narration totalement différente. Par exemple, Miss Marple apparaît dès la première piste du CD. Tout de suite, on sent que, pour la BBC, le mystère est plus important que la vie dans la campagne anglaise. On alterne une discussion entre Miss Marple et la femme du pasteur Mrs Dane Calthrop (c’est aussi elle qui dans le livre a appelé Miss Marple) avec des scènes prises dans le roman où on écoute Joanna et son frère échanger ensemble sur les évènements, ou bien celui-ci écouter les on-dits du village … Les dialogues de ces scènes respectent, par contre, très bien le roman d’Agatha Christie. Le rythme semble aussi très différent puisque chaque piste fait dans les quatre à cinq minutes donnant un tout autre rythme que celui du livre, qui est plus lent puisque plus linéaire. Cela peut aussi dérouter car il n’y a pas de transition entre les différentes pistes (pas de fond musical …)

La « dramatisation » de la BBC m’a aussi permis de me rendre compte que, peut être (après tout c’est une adaptation aussi, la traduction du livre d’Agatha Christie m’a donné l’impression d’un texte léger (l’humour tant vanté m’a semblé parfois nunuche et trop appuyé), surtout dans le traitement des histoires d’amour, d’un rythme un peu mou aussi. Dans l’adaptation, ce n’est pas du tout le cas.

Niki m’a confirmé que lire Agatha Christie en anglais, c’était faisable. Je vais donc essayer !

Références

 La plume empoisonnée de Agatha CHRISTIE dans Agatha Christie – L’intégrale II – Miss Marple – volume 1 – traduction de l’anglais par Élise Champon (Le Masque, 2008)

The Moving finger – a BBC full-cast dramatisation (BBC Audio Crime, 2006)

Un siècle de littérature européenne : 5/100 (année : 1942)

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Commentaires

5 réponses à “La plume empoisonnée d’Agatha Christie”

  1. Avatar de niki

    je ne l’ai pas écouté celui-ci, mais j’aime beaucoup toutes les adaptations de la BBC 🙂
    « the crooked house » est très chouette aussi
    il y a une différence entre les adaptations BBC et les livres lus par des comédiens britanniques = the twelve problems par exemple est lu par joan hickson (oui je sais elle t’endort 🙂 )
    et hugh fraser a lu quelques aventures de poirot qui ne sont pas mal du tout

    1. Avatar de cecile
      cecile

      Ce soir, je regarde La plume empoisonnée dans la version de Joan Hickson. Je te dirais si j’ai bien dormi 🙂 Sans rigoler, je ne l’ai jamais écouter en anglais. Souvent, je trouve les gens différents de leurs voix donc si ça se trouve, cela me plaira beaucoup.

  2. Avatar de lewerentz

    Non seulement lire A. Christie en v.o. est faisable mais les adaptations de la BBC sont super ! Il y a un vrai jeu d’acteurs, de la musique, bruitage, etc. Cela me plaît beaucoup plus que les « simples » lectures comme on trouve souvent en français.

    1. Avatar de cecile
      cecile

      Je vais lire les volumes que je n’ai pas d’Agatha Christie en Vo maintenant. C’est vrai que les « simples » lectures peuvent être parfois très décevantes quand il n’y a as de jeu d’acteur, ou que le texte ne s’y prête pas car trop long …

  3. […] à mes deux billets précédents concernant La plume empoisonnée en livre, en “dramatisation” et […]

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