Quatrième de couverture
Un paisible facteur abat froidement un de ses concitoyens lors d’une partie de chasse, faisant croire à un accident.
Sur les pentes abruptes des monts d’Ardèche se dresse une ferme solitaire, forteresse d’un temps aboli. Un père et sa fille y tracent les gestes ancestraux de la survie.
En bas au village, les langues vont bon train, surtout quand Cédric, jeune et séduisant étranger, débarque sur sa moto rouge pour se retrouver au cœur d’une tragédie dont il sera l’un des acteurs involontaires.
Jean-Paul Demure évoque d’une plume caustique et souvent drôle l’univers impitoyable de la paysannerie où, à force d’isolement, les individus finissent par se détruire.
Ce livre a reçu le grand prix du roman noir français au festival de cognac en 1999.
Mon avis
Le roman est construit en flash-back. Chapitre 1 : Vidal tue Bleyrieux au cours d’une partie de chasse. Ce n’est pas un accident mais bel et bien prémédité. Il rentre chez lui. Sa mère le félicite de son geste. Vidal a une cinquantaine d’année, vit avec sa mère car célibataire, travaille à la Poste et regrette d’avoir abandonné les terres que son père mettait tant de soins à cultiver. Comment Vidal, personnage doux et serviable, a-t-il pu en arriver là ? Comment se fait-il que sa mère le félicite d’avoir tuer quelqu’un ? C’est ce que l’on apprend dans la suite du roman.
On est en Ardèche. Les autochtones voient passer les Zollandais comme on regarde les animaux dans un zoo. Ils ont cependant le désir de leur soutirer un maximum d’argent avec un minimum d’investissement. Tout le village s’y est mis, en particulier Pielou. Pielou c’est l’ennemi de Bleyrieux, qui a la ferme adjacente. C’est une question de terrain, de querelles ancestrales … un truc dont personne ne se rappelle mais chacun a son idée sur qui a raison et sur qui a tort. Bleyrieux n’ai pas aimé du village car c’est un solitaire, un hautain, un fier. Sa fille, Émilie, on ne la connaît pas franchement. Elle semble bête, pas très finie, pas très jolie. Pielou, lui, a la chance d’avoir un fils et une fille (beaucoup plus avenante qu’Émilie), une femme aussi qui gère les gîtes. Là dessus, arrive Cédric, un marseillais, fâché avec sa famille. Il vient faire un stage pour apprendre un nouveau métier, paysan. Il va aller de ferme en ferme. Le premier mois chez les Pielou et le deuxième chez les Bleyrieux. Cela va mal finir pour lui. Il pourra pourtant compter sur le soutien sans faille de Vidal le facteur.
Cela m’a rappelé où je pars en vacances car il y avait deux fermes qui s’affrontaient et si tu parlais aux uns tu ne pouvais pas parler aux autres (surtout nous comme était les parisiens). Cela a fini par se calmer quand l’héritier de la deuxième ferme s’est suicidé. Forcément, il n’y avait plus de ferme. Dans ce roman, on retrouve ce côté vie de village où chacun s’observe (je vous dis cela mais dans ma rue c’est un peu la même chose), où tout le monde commente la moindre information qui circule (et ça il y en a de l’information), le moindre changement physique, le moindre changement dans les actions. On se dit qu’en Ardèche il y a de l’espace mais en fait non pas tant que cela puisque tout le monde sait tout sur tout le monde. Jean-Paul Demure arrive très bien à faire ressentir ce climat très pesant.
Sur le côté destin qui doit s’accomplir, je trouve aussi que l’auteur a très bien réussi son coup car quand il présente la vie d’Émilie, il décrit une vie non choisie et subie sans pourtant que cela gêne la jeune femme. Elle n’a pas de sentiments et ne semble pas avoir le temps d’en avoir (par contre, elle pense beaucoup aux terres dont elle va hériter). C’est l’arrivée de Cédric qui va lui en donner. Le drame du livre est qu’elle va devoir choisir si elle veut garder sa vie d’avant ou d’après Cédric. On le ressent dans le choix des mots de Jean-Paul Demure.
J’ai eu un peu de mal avec le classement roman noir. Je crois que cela vient de mon habitude de lire surtout des romans noirs qui se passent dans les villes. Pourtant, si on réfléchit bien, cela correspond. On prend un lieu. On décrit des personnages dont le destin est tracé d’avance et il n’est jamais des plus paisibles ce destin. La différence est que là cela se passe à la campagne.
Un roman intéressant et qui sonne juste. Sur Library Thing, il conseille Le méchant qui danse de Pierre Pelot. C’est un peu la même chose mais dans les Vosges cette fois-ci. Je l’ai déjà repéré à la bibliothèque.
Références
Fin de chasse de Jean-Paul DEMURE (Rivages/Noir, 1998)
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