Quatrième de couverture
Tout jeune encore, Brioussov décide d’ »importer » en Russie le symbolisme et d’en devenir le chef suprême. Il s’affiche en décadent, mais s’adonne à tous les genres – drames, romans, nouvelles, poésies. Très vite, c’est la consécration. Alexandre Blok et André Biely accourent. Salué par Gorki, il est le « capitaine » incontesté de la littérature russe entre 1900 et 1910.
Mais l’hégémonie de celui qui a posé les fondements de ce Siècle d’Argent, cette éblouissante renaissance artistique russe du début du siècle, ne tarde pas à être ébranlée. « Brioussov ? lance un critique, c’est le Salieri, l’anti-mozart de la poésie moderne ! »
Meurtri, Brioussov répond, en 1915, avec ce récit qui prend de court ses détracteurs. Sobre, concis, d’une construction classique rigoureuse, il trace le cercle infernal de près de vingt-quatre heures de la vie d’un artiste dans un milieu essentiellement féminin, dessine le chemin diabolique de la quotidienneté qui enserre la vie d’un homme et le ramène chaque soir, inexorablement, dans son logis médiocre sans que la moindre rencontre, amoureuse ou professionnelle, puisse modifier ce trajet imposé.
Mon avis
Ce livre fait à peu près une centaine de page. À mon avis, on ne découvre pas une œuvre de l’auteur, dans le sens où elle n’est pas caractéristique de son travail (qui semble très varié pourtant). Pourtant, ce texte est plein de charmes.
Par une économie de moyen assez impressionnante, Brioussov arrive à littéralement nous montrer un décor, une manière de vivre et à rentrer dans la vie intime du héros. On a à la fois un regard général et un regard particulier. On ressent de la compassion pour le héros, pour sa famille mais aussi par les deux maîtresses du héros. Pourtant, on est écrasé par un sentiment de fatalité. Les personnages sont pris dans une certaine misère et l’amour est le seul moyen qu’ils ont de vivre tout simplement.
Le thème de l’amour, des maîtresses, du mariage est traité de manière assez originale car traité du point de vue de l’homme avec une réflexion sur la responsabilité, sur le lien du mariage qu’il est rare de trouver dans la tête d’un personnage masculin de roman.
C’était une découverte intéressante même si j’aurais aimé que dans la postface, on nous situe un peu plus l’importance de Valeri Brioussov (dont je n’avais jamais entendu parler) dans les lettres russes et l’importance de ce texte dans son travail.
Références
Mozart, poste restante de Valeri BRIOUSSOV – traduit du russe et annoté par Dany Savelli (Autrement, 1996)
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