Quatrième de couverture
Le 13 avril 1759, après avoir assisté à une ultime exécution du Messie à Covent Garden, George Frédéric Haendel mourait à Londres, au comble des honneurs et de la gloire. Dix-sept ans auparavant jour pour jour, avait eu lieu à Dublin la création de ce même oratorio ; et c’est encore un 13 avril, vingt-deux ans plus tôt, qu’une attaque avait terrassé le musicien, alors en proie aux pires difficultés financières, privé des faveurs du public et considéré pendant plusieurs années comme un homme fini.
Ces trois dates, à l’heure de la mort, semblent se concentrer en un seul et même instant dans le bref récit de Gert Jonke, avec une érudition teintée d’humour et une virtuosité hautement musicale, consacre aux derniers instants de la vie du compositeur.
Une citation
Même devenu aveugle, à un âge très avancé, il ne cessa de voir – mais il voyait avec son immense oreille et il entendait tout par la fenêtre de son œil intérieur. [p. 54]
Mon avis
Je ne connaissais pas cet auteur avant vendredi dernier, avant mes errements dans les rayons de la bibliothèque à la recherche des lettres de l’alphabet. Il y a plein de monde dans cette bibliothèque mais paradoxalement, le rayon littérature est le plus calme alors on peut errer comme on veut et même faire tourner les sièges. Quand j’allais à la bibliothèque de ma ville, il y avait toujours plein de monde, comme dans le tram, et en plus ils étaient tous fans des mêmes livres que moi qui n’étaient donc jamais en rayon. C’est peut être cela quand ils disent que les gens n’aiment plus les romans, la littérature …
J’ai lu toutes les quatrièmes de couvertures des trois livres disponibles de l’auteur … et tous parlent de musique. Quand on lit la biographie sur la quatrième de couverture, c’est confirmé. Cet auteur puise son inspiration dans la musique. Je ne sais pas ce que vous en pensez mais j’ai toujours pensé qu’un artiste, c’était quelqu’un qui avait un regard très très particulier sur le monde et tout son travail c’est de le sortir au mieux de lui (peut être pour nous permettre de comprendre aussi un peu mieux le monde) car c’est un besoin impérieux. J’ai toujours pensé que c’était un métier difficile parce qu’il fallait sortir ce que vous aviez dans la tête.
Gert Jonke essaye de faire ressentir avec son art à lui, la littérature, ce qu’un autre artiste, un compositeur, peut ressentir à l’intérieur. Personnellement, j’ai ressenti la solitude de Haendel. Pendant les 56 pages de son récit, l’auteur se concentre particulièrement sur l’attaque qui a fait perdre à Haendel pendant plusieurs mois l’usage du côté droit de sa personne. Jonke nous décrit la musique qui défile dans sa tête, la musique qu’il n’arrive pas à écrire sur un papier. L’auteur nous raconte comment Haendel a revécu après avoir suivi une cure thermale. Tout le récit est donc marqué par cet événement et on lit tous les autres événements qui nous sont racontés par ce prisme-là.
J’ai trouvé que ce livre était très beau. Même moi qui ne comprend pas grand chose à la musique, j’ai eu l’impression d’approcher cet univers et surtout ce qui se passe dans la tête d’un compositeur.
Références
La tête de George Frédéric Haendel de Gert JONKE (1946 – 2009) – traduit de l’allemand par Uta Müller et Denis Denjean (Verdier, 1995).
Première parution en allemand en 1988.
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