J’ai piqué cette idée de lecture chez Titine. Je la remercie beaucoup de m’avoir fait découvrir cette biographie de Virginia Woolf en forme de bande dessinée.
Je vais mettre tout l’avant propos (ce n’est pas bien pour le droit d’auteur mais bon quand quelque chose est bien, j’aime le citer) car il explique tellement bien ce que contient ce livre et le projet qu’il y a derrière.
L’avant-propos
Raconter la vie de Virginia Woolf en bande-dessinée est un défi auquel Bernard Ciccolini, dessinateur, et moi-même, écrivain, nous sommes attelés avec passion. Nous partagions un même intérêt pour l’œuvre de cet écrivain et étions également troublés par les ombres qui précèdent toute approche de sa vie. Comme si son suicide avait oblitéré de désespoir et de noirceur l’ensemble de son existence.
Qu’elle ait été trop tôt foudroyée par la mort de sa mère, que sa jeunesse ait été jalonnée de morts proches – sœur, frère, père – participent sans doute de cette tristesse dépressive qu’on devine sur les portraits et les photographies qui la représentent. Son journal, bien sûr, porte la trace de cette douleur, de ce mal-être qui souvent l’assaille.
Mais faut-il oublier pour autant la petite fille gloutonne et joyeuse des étés à St Ives ? Faut-il négliger la jeune femme à la dent dure qui savait tracer en quelques mots un portrait drôle et vitriolique de ses contemporains ? Faut-il assombrir son chemin de militante féministe sous prétexte qu’un matin gris du printemps 1941, au plus noir de la guerre, elle a rempli de cailloux et marché dans l’eau de la rivière Ouse jusqu’à s’y engloutir ?
À relire ses livres – romans, essais -, son journal, quelques bribes de sa correspondance, des ouvrages d’amis ayant fréquenté sa table, sa maison ou sa conversation, il nous a semblé percevoir dans le cours parfois désespéré de ses jours, un élan vital, une force que démentaient volontiers son trop inquiet mari et son neveu, Quentin Bell. Auteur d’une biographie minutieuse, Quentin Bell porte sur les Woolf un regard d’entomologiste et s’efforce de démontrer le courage de Leonard portant à bout de bras sa géniale et trop dépressive épouse. Il ne s’agissait pas pour nous de prendre parti, simplement de donner à lire et à voir le cheminement d’une femme écrivain entre réalité et désir, entre mots et maux, en quête d’insaisissables vérités et d’un improbable bonheur.
Mon avis
J’ai adoré cette lecture. J’ai déjà deux biographies de Virginia Woolf dans ma PAL mais elle sont tellement énormes que cela me donne l’impression qu’il faut avoir lu tous les livres pour les comprendre ou même les apprécier. Pour moi, énorme bibliographie cela signifie que l’auteur s’appuie à la fois sur la vie et sur les œuvres pour éclairer la personne de l’auteur. Tout le temps, il me manque le livre de base où on va juste nous parler de la vie et nous situer les œuvres dans cette vie pour permettre d’appréhender au mieux la lecture de ses œuvres (bon, après, on peut lire les énormes biographies). En fait ce que je recherche, c’est les livres qui émettent une lumière de bougie sur un auteur et pas un spot de concert de rock. C’est exactement cela ce livre, exactement !
Pour ce qui est des bulles, le billet de Titine contient plein d’illustrations. Pour le contenu, les auteurs dressent un portrait de Virginia Woolf un peu comme je l’imaginais : à la fois d’ombres (c’est le côté le plus connu mais j’ai enfin compris pourquoi) et de lumières. Ce côté là, c’est celui que je connaissais le moins. Je la savais éditrice mais je n’avais pas saisi ce que cela lui avait apporté dans sa vie. Idem pour les réceptions d’amis dans sa maison de Londres. C’est des éléments de biographie que je connaissais mais finalement, je ne m’étais pas rendu compte que cela constituait aussi son personnage, celui d’une femme qui vivait et s’accrochait pour faire ce qu’elle aimait. Bien sûr, pour surmonter ses doutes, elle avait besoin du soutien des amis et de la famille. Elle ressentait plus à fond les déceptions, les inquiétudes. C’est ce que j’avais ressenti à la lecture de quelques uns de ses livres. Pour moi, c’était une femme qui arrivait à voir et à comprendre le mouvement des gens et des choses dans un monde diffus, comme si les gens ne faisaient que passer dans un décor tout en faisant des actions minimes qui marquaient imperceptiblement ce décor.
En conclusion, j’ai appris plein de choses et j’ai envie de me remettre à Virginia Woolf,
Références
Virginia Woolf de Michèle GAZIER (scénario) et Bernard CICCOLINI (dessins) (Grands destins de femmes / éditions Naïve, 2011)
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