Je vous le dis de suite : Darwin ne viendra pas aujourd’hui. Je viens encore une fois de spoiler le livre même si vous vous doutiez qu’une homme mort depuis plus d’un siècle ne pouvait pas venir mettre un commentaire sur un blog.
Rassurez-vous, ce n’est pas du snobisme de sa part, juste de la timidité, parce qu’il n’est pas non plus venu le 30 juin 1860 à Oxford pour défendre son œuvre L’origine des espèces. Le livre de Luc Perino raconte comment il n’est pas venu et comment les gens se sont débrouillés sans lui.
Darwin a travaillé pendant 20 ans sur sa théorie. C’était un homme, un scientifique, très méticuleux : il ne voulait pas publier tant qu’il avait des doutes. Il cherchait à justifier toutes les zones d’ombre, cherchait de nouveaux exemples et quand il ne trouvait rien, il indiquait de lui-même les failles de sa théorie. Quand il fut persuadé de la justesse de sa théorie, il était fatigué et n’avait plus envie de débattre. Il était incompris de la plupart de ses pairs car à cette époque, on avait tendance à parler tout de suite de ses recherches pour susciter la discussion et pour entraîner de nouvelles idées.
Ce Darwin ne parle jamais dans le livre. Finalement, ce sont ses partisans et détracteurs qui dressent son portrait. On y découvre aussi un homme partagé entre religion et science car la question centrale de cette histoire romancée est st-ce que Darwin a parlé de l’Homme dans sa théorie de l’évolution ? La réponse est non (Darwin ne pouvait se résoudre à mettre en question toute la Bible) mais beaucoup de gens ont pensé que oui (alors que d’après ce que j’ai compris c’est plutôt Thomas Huxley (c’est même lui qui a inventé le mot « agnostique », le grand-père d’Aldous, qui a fait le lien entre les singes et l’Homme).
La structure du roman est intéressante car dans une première partie on mêle partisans et détracteurs : on expose les théories, les doutes de chacun. On présente un contexte aussi : une Angleterre victorienne, siège de tous les progrès du monde et pourtant d’un puritanisme sans nom. Notamment, on découvre qu’à cette époque une grosse partie des scientifiques étaient des religieux et qu’ils étaient souvent difficiles de distinguer les deux dans leur tête (ici on nous présente les pionniers de ceux qui ont réussi). Cela entraîne entre une vision particulière de la découverte de théorèmes, de lois de la nature … Dans une deuxième partie, on nous présente le fameux débat. Cela permet aussi de faire sa propre idée, de comparer les arguments mis en avant, de décider qui a gagné …
J’avais entendu parler de ce livre dans Le magazine de la santé et je n’ai pas été mécontente d’avoir suivi ce conseil. Ce livre m’a permis d’apprendre énormément de chose sur l’Angleterre victorienne, sur la manière de faire de la science (et de connaître les grands scientifiques de l’époque : Lamarck, Linné, Cuvier, Lewis Caroll, Huxley …) mais surtout de mieux comprendre une théorie que certains, les créationnistes avec leur Intelligent Design, malgré toutes les preuves, mettent encore en cause. En gros, c’est un livre actuel malgré tout.
Références
Darwin viendra-t-il ? de Luc PERINO – préface de Dominique Lecourt (Le Pommier, 2008)
Laisser un commentaire