Point Oméga de Don DeLillo

Quatrième de couverture

New York. Depuis plusieurs jours, un homme vient, seul, assister, dans une salle du MOMA, à la projection au ralenti du film d’Hitchcock Psychose, proposée, sous le titre 24 Hour Psycho, par le plasticien Douglas Gordon.

Bien loin de là, en plein désert, le taciturne Richard Elster, universitaire à la retraite, accueille avec réticence chez lui le jeune cinéaste Jim Finley qu’intéresse la collaboration scientifique apportée par ce spécialiste de la « loi de l’extinction » au Pentagone pendant la guerre d’Irak. Les deux hommes sont rejoints dans leur solitude par Jessie, la fille d’Elster…

Des images étirées à l’infini du film d’Hitchcock aux mots, toujours plus rares, qu’échangent trois personnages déconnectés du monde face aux illisibles étendues du désert, Point Oméga invite à faire l’expérience de perceptions inédites à la faveur d’une temporalité mutante, et à prendre la mesure secrète du monde.

Plus énigmatique que n’importe quel secret-défense, plus assourdissant que le fracas des guerres, ce roman en forme d’arrêt sur image édicte la sidération du signe face à la langue impitoyablement étrangère que, depuis les origines, profère la matière qui donne forme à l’univers.

Mon avis

Après ma lecture ratée d’Americana, j’avais à cœur de comprendre pourquoi Don DeLillo était considéré comme un des grands écrivains américains. On m’a conseillé Outremonde et L’homme qui tombe (qui sont donc du coup tous les deux dans ma PAL) mais ils sont juste énormes. Alors quand j’ai vu à la librairie que le nouveau Don DeLillo était tout compact (140 pages) et qu’en plus ma libraire avait beaucoup aimé … je n’ai pas trop hésité !

J’ai eu raison parce que j’ai trouvé le livre réussi dans son propos. Il y a des histoires communes avec Americana, notamment le jeune homme qui veut faire un film pour expliquer ce qu’est vraiment l’Amérique, et notamment qui a décidé la Guerre en Irak. Il montre notamment que Richard Elster est très affecté par cette guerre, et que maintenant il se laisse aller jusqu’à ce que seul sa fille puisse compter pour lui. Cette partie n’est pas du tout exploité par Don DeLillo comme si finalement c’était vain.

Son personnage principal est le temps, les personnages secondaires les humains qui gravitent autour de ce temps, un temps différent suivant l’endroit où on se trouve. Le temps quand on est en Californie, le temps quand on est sur la côte est, le temps quand on est dans le désert, l’avancée du temps, le temps quand quelqu’un disparaît. Pour figurer tout cela, il était obligé d’avoir des personnages secondaires pour décrire les sensations. J’ai beaucoup aimé les parties sur 24 Hour Psycho qui parle de ce que serait un film si on le ralentissait au rythme de la vie, de tous les détails que l’on pourrait percevoir alors. L’entremêlement des personnages, et surtout de qui est qui, est à mon avis très subtil et très fin et marque l’importance des coïncidences dans la vie.

Americana était un des premiers livres publiés de Don DeLillo : il marquait une sorte de désespérance par rapport à l’Amérique que l’on ne voit pas dans les journaux. Dans Point Oméga, c’est un Don DeLillo de la maturité qui a appris à vivre avec son Amérique et qui s’intéresse au temps et surtout à ce que le temps gardera.

En conclusion, ce livre m’a permis de me réconcilier avec un auteur !

Références

Point Oméga de Don DELILLO – traduit de l’américain par Marianne Véron (Actes Sud, 2010)


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Commentaires

13 réponses à “Point Oméga de Don DeLillo”

  1. Avatar de Gwenaelle

    Je ne connais pas cet auteur mais tu me donnes envie de m’y intéresser aussi. Ce livre court est peut-être un bon « point d’entrée » dans son œuvre…

    1. Avatar de cecile
      cecile

      Pour moi, en tout cas, c’est plus réussi qu’avec Americana 🙂

  2. Avatar de zarline

    Mouais… Après ma lecture très pénible de Cosmopolis, je ne suis pas encore prête à laisser une deuxième chance à cet auteur.

    1. Avatar de cecile
      cecile

      Je n’ai pas lu Cosmopolis alors je ne serais quoi dire. En plus, c’est un auteur, de ce qu’on m’a dit, on aime ou on aime pas. Americana ce n’était pas si horrible que ça mais juste trop long avec des parties qui ne me semblaient servir à rien. C’est pour ça qu’un livre plus court me semblait judicieux.

  3. Avatar de keisha

    J’ai lu L’homme qui tombe, tout à fait « lisible », je te le garantis, et je cherchais un autre titre. Pourquoi pas celui ci en effet… Point oméga, OK.

    1. Avatar de cecile
      cecile

      @ Keisha : C’est à cause de ton conseil que L’homme qui tombe est tombé dans ma PAL 🙂 alors j’espère qu’il est lisible !

  4. Avatar de lewerentz

    Un auteur dont j’ai souvent entendu parler. Mais pas sûre que ça soit pour moi.

    1. Avatar de cecile
      cecile

      @ Lewerentz : Pour l’instant, j’avoue que je n’irais pas jusqu’à le conseiller car je découvre uniquement par curiosité. Pour l’instant, je ne parlerais pas de chef d’oeuvre ni même d’excellents romans.

  5. Avatar de Manu

    J’ai aussi eu du mal avec Americana. Je devrais sans doute réessayer avec un autre titre alors, si ça t’a réussi 🙂

    1. Avatar de cecile
      cecile

      @ Manu : À mon avis, ne te force pas si tun’as pas envie car cela reste tout de même très particulier 🙂

  6. Avatar de niki

    je me tâte un peu pour dom delillo, je n’ai encore rien lu jusqu’à présent, mais il ne m’emballe pas

    1. Avatar de cecile
      cecile

      @ Niki : J’ai du mal à comprendre ce qui fait de lui un « grand écrivain américain ». J’aimerais bien savoir qui le lis dans son pays, comment chacun de ses livres ont été reçu … parce que pour l’instant, les deux livres ne m’apparaissent pas comme des chefs d’œuvre. J’ai la même impression avec Bret Easton Ellis. De manière générale, j’ai du mal avec la littérature américaine. L’impression que j’ai c’est d’avoir déjà tout vu dans les films. L’année dernière je sais que Mathilda Savitch m’avait beaucoup touche parce qu’il était plus intimiste. Don DeLillo et consorts ont l’idée de faire des romans qui décrivent les États Unis aujourd’hui. J’avoue que cela ne m’attire pas vraiment.

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