Quatrième de couverture
Jeune époux et futur papa, Shalom pourrait être le plus heureux des hommes. Mais l’enfance peut commettre bien des ravages … Élevé dans la plus stricte orthodoxie juive, il en a gardé une vision très personnelle du « Tout-Puissant » et une paranoïa aiguë. Trente-cinq ans que cela dure. Trente-cinq ans d’une relation complexe, faite d’incompréhension et de pure terreur. Alors, à l’adolescence, Shalom s’est rebellé : gavage de hot dogs, lectures pornos … Et il a attendu, tremblant, le châtiment divin. Mais rien … Aujourd’hui, la grossesse de sa femme le laisse désemparé. Partagé entre son désir d’émancipation et sa peur maladive de Dieu, le voilà confronté à l’agonisante question : quel sort doit-il réserver au prépuce de son enfant ?
Mon avis
Le livre part d’une idée très intéressante : celle de s’interroger sur la religion. Que cherche-t-on dans la religion ? La réponse « normale » est l’épanouissement. Est-ce que la religion de nos parents est forcément la « bonne » ? Est-on en droit de s’interroger sur cette religion, qui fait aussi partie de nos origines ? Shalom Auslender décide de défier tout le monde : sa famille et la religion juive. Le livre parle de cette rébellion et de comment il s’est reconstruit après avoir briser le socle sur lequel sa vie était fondée grâce à son mariage, son fils et de multiples déménagements et séances de psy à 350 dollars la séance.
Ce livre ne m’a pas vraiment plu pour plusieurs raisons. La première est que la majorité du texte ressemble à une collection d’anecdotes rassemblées par thématique. Shalom Auslender, il faut le dire, a un humour dévastateur. Le premier paragraphe donne le ton :
Quand j’étais petit, mes parents et mes maîtres me parlaient d’un homme qui était très fort. Ils disaient qu’il était capable de détruire le monde entier. Ils disaient qu’il pouvait soulever les montagnes. Ils disaient qu’il pouvait ouvrir la mer en deux. Il était très important de ne pas le contrarier. Lorsque nous obéissons à ce qu’il avait édicté, cet homme nous aimait bien. Il nous aimait tellement qu’il tuait tous ceux qui ne nous aimaient pas. Mais si nous n’obéissions pas, alors il ne nous aimait pas . il nous détestait. Parfois, il nous haïssait tellement qu’il nous tuait ; parfois, il laissait d’autres gens nous tuer. C’est ce que nous appelons les jours de fête : à Pourim, nous nous souvenons de la fois où les Égyptiens ont essayé de nous tuer, à Hanoukka, nous nous souvenons de la fois où les Grecs ont essayé de nous tuer.
Une grosse partie du texte est écrit sur ce ton, parfois beaucoup plus incisif. Cela en devient fatigant. Cela m’a fait penser aux séries télé où il y a un comique sur scène et qui fait des blagues auxquelles personne ne rit. Ici, on rit au début mais au final, on s’interroge.
Pour Shalom Auslender, ce livre est une thérapie, même si comme le dit Plume on ne connaît pas la part de réalité et de fiction. À la fin, c’est l’adulte reconstruit qui parle. On sent un ton posé et sûr de lui. Mais au début, c’est Shalom adolescent qui est censé parlé et nous dire ce qu’il a ressenti. Je n’ai pas ressenti cela. J’ai eu l’impression que l’adolescent parlait mais avec la tête de l’adulte. Comme si Shalom Auslender n’était pas complètement à l’aise avec son adolescence et rébellion, d’ailleurs plus à l’égard de la religion que de sa famille. Shalom Auslender se protège avec cette humour et ce cynisme. Il ne laisse qu’entrevoir ce qu’il a ressenti. En gros, comme si il lui restait encore beaucoup de chemins à faire à mon avis.
Cela m’a donc donné un goût d’inachevé.
Livre lu dans le cadre du Prix littéraire des blogueurs. D’autres avis ici. Maintenant va falloir que je me creuse la tête pour les notes !
Références
La lamentation du prépuce de Shalom AUSLANDER – traduit de l’américain par Bernard Cohen (10/18, 2009)
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