C’est un livre que j’ai à cause (ou grâce comme on veut) de la copine de mon frère, une Cécile aussi, qui voulait me faire découvrir Maxence Fermine. Elle m’a prêté Le violon noir. Vous me direz : « oui, mais là tu as lu Neige« . Je vous répondrais que je suis une victime consentante. Quand elle m’en a parlé, j’allais à la librairie après. Du coup, elle m’a remis l’auteur en tête (oui, c’est un homme !) avec ce titre qui était depuis un certain temps dans ma LAL : il faut dire qu’il y a quand même énormément d’avis positifs sur la blogosphère (et j’ai fermé les yeux sur les négatifs).
J’ai lu Neige aujourd’hui car ils détruisent à côté de chez moi une maison et j’ai cru que ça allait me zénifier au vue du résumé :
Dans le Japon raffiné du XIXe siècle, le jeune Yuko a choisi sa voie : il sera poète, contre l’avis de son père. Soseki, l’ancien samouraï et vieux peintre aveugle, lui enseignera l’art de l’haïku. Entre les deux hommes plane l’image obsédante d’une femme disparue dans la neige … Une langue épurée, concise et sans artifices, qui parle d’amour de la vie et de quête d’absolu.
C’est beau et aérien (la femme disparue dans la neige était funambule, c’est pour ça) mais ce n’est pas le coup de cœur que j’attendais. Il manque quelque chose, une part de rêve peut être (cette impression vient sûrement de ma maison qui tremble) alors que Maxence Fermine reste dans le lyrisme. Les chapitres sont courts, parfois résumés à deux phrases. Cela détruit l’envie de zen que j’avais car cela accélère le déroulement de l’action. Me resteront deux très beaux passages : un sur la neige et un sur l’écriture.
« Elle est blanche. C’est donc une poésie. Une poésie d’une grande pureté. Elle fige la nature et la protège. C’est donc une peinture. La plus délicate peinture de l’hiver. Elle se transforme continuellement. C’est donc une calligraphie. Il y a dix mille manières d’écrire le mot neige. Elle est une surface glissante. C’est donc une danse. Sur la neige tout homme peut se croire funambule. Elle se change en eau. C’est donc une musique. Au printemps, elle change les rivières et les torrents en symphonies de notes blanches.«
« En vérité, le poète, le vrai poète, possède l’art du funambule. Écrire, c’est avancer mot à mot sur un fil de beauté, le fil d’un poème, d’une œuvre, d’une histoire couchée sur un papier de soie. Écrire, c’est avancer pas à pas, page après page, sur le chemin du livre. Le plus difficile, ce n’est pas de s’élever du sol et de tenir en équilibre, aidé du balancier de sa plume, sur le fil du langage. Ce n’est pas non plus d’aller tout droit, en une ligne continue parfois entrecoupée de vertiges aussi furtifs que la chute d’une virgule, ou que l’obstacle d’un point. Non, le plus difficile pour le poète, c’est de rester continuellement sur ce fil qu’est l’écriture, de vivre chaque heure de sa vie à hauteur du rêve, de ne jamais redescendre, ne serait-ce qu’un instant, de la corde de son imaginaire. En vérité, le plus difficile, c’est de devenir un funambule du verbe.«
Ces deux passages reprennent des images récurrentes du livre : la neige, le blanc, le funambule, la ligne, la virgule, le point. Ils donnent surtout une bonne image de l’écriture de Maxence Fermine.
Il me restera aussi un mot : hiémal. Si quelqu’un pouvait m’éclairer sur la différence d’avec hivernal, je lui en serais très reconnaissante.
Références
Neige de Maxence FERMINE (Points, 2001)
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