Après l’euphorie holmésienne d’hier, la déprime pymesque aujourd’hui. Barbara Pym décrit, sans juger, avec un peu d’ironie et de moquerie quand même, ce que nous vivons pratiquement tous, tous les jours. Finalement, nos collègues de travail ne sont que des collègues de travail ! On ne les connaît pas et on fait très rarement l’effort de s’intéresser réellement à eux.
Ici, elle illustre son propos sur une catégorie de personnes qui lui tient à cœur puisque d’après ce que j’ai compris c’était un peu la sienne quand même : les femmes d’une cinquantaine-soixantaine d’années, célibataires et sans famille. L’histoire est la suivante : quatre personnes travaillent ensemble dans un bureau : Marcia, Letty, Norman et Edwin.
Les deux femmes sont depuis longtemps seules. Marcia vient de subir une grave opération au sein (on pense tout de suite à un cancer). Elle vivait avant avec sa mère et son chat mais tous les deux sont morts. Depuis elle entasse les bouteilles de lait (au cas où il y ait la guerre : plus de bouteille en verre alors) et les boîtes de conserve (elle mange même celle qui lui reste du chat), les chemises de nuit neuves (au cas où). De plus, elle voue une véritable admiration au docteur qui l’a opérée (elle va notamment l’espionner devant chez lui). Letty elle a une seule amie, Marjorie, qui la prend un peu beaucoup pour la troisième roue du carosse. Edwin est un fervent pratiquant, veuf, qui a enfant et petits-enfants. Norman aussi veuf n’a plus que son beau-frère qui a pitié de lui et il lui rend bien. Edwin et Marcia vivent dans des maisons alors que Norman et Letty vivent dans des meublés chez l’habitant.
La première partie du livre décrit leurs vies au travail, comment ils partagent leur journée sans jamais parler de leurs vies, de leurs manières de voir les choses, de rien. Ils ne savent même pas si ils ont la télé les uns les autres. Ils ne passent pas leur pause déjeuner ensemble.
La deuxième partie du livre suit l’évolution de leurs relations respectives après la retraite des deux femmes. Ils se voient pour déjeuner un jour, se promettent de se revoir mais tout le monde a plus intéressant à faire. Ils voient Marcia mal en point, se disent qu’ils vont faire quelque chose mais ils n’ont pas le temps, se trouvent des excusent (Marcia n’aimerait pas par exemple). Tout ça se termine mal.
En conclusion, ce livre décrit comment on peut passer notre vie à côté de parfait étranger. C’est très réaliste et donc forcément très dérangeant.
Livre lu sur les conseils de Dominique et de Méa, dans le cadre du swap « the portrait of a lady » de Lou et Titine (que je remercie pour la palme du mérite ladyesque).
Références
Quatuor d’automne de Barbara PYM – traduit de l’anglais par Martine Béquié avec la collaboration de Anne-Marie Augustyniak (10/18, 1990)
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