La magie des grimoires de Nicolas Weill-Parot

Présentation de l’éditeur

La collection « Petite philosophie du voyage » invite Nicolas Weill-Parot, historien, à restituer l’atmosphère des bibliothèques et la passion qui anime le chercheur. Dépositaires de la mémoire du passé, les manuscrits offrent émotion et connaissance au lecteur désireux d’entreprendre, dans les hauts lieu du patrimoine, un voyage à caractère initiatique.

Mon avis

Plutôt que de littérature française (comme je l’ai catégorisé même si c’est moche comme expression), ce petit livre est un essai d’un historien spécialisé en histoire médiévale sur son métier. Il nous parle tout d’abord de la difficulté de trouver un sujet parce que comme il le dit si bien le Moyen Âge cela correspond à une période de mille ans (il y a donc beaucoup de matère), qu’il y a encore des choses à trouver sur le sujet (et oui n’en déplaise à certains) mais qu’il ne faut pas tomber sur un sujet en train d’être traité.

Une fois cette difficulté passée, il faut passer à l’étape recherche de documents. On rentre donc dans le coeur de ce livre sous-titré « Petites flânerie dans le secret des bibliothèques« . Il ne parle ici que de ses flâneries en tant que chercheur (et pas en temps que lecteurs lambda comme nous pourrions l’être). Il rentre dans les plus prestigieuses bibliothèques, nous raconte ses difficutés pour se repérer, et même parfois pour s’inscrire… C’est la partie magique du livre parce qu’on rentre avec lui dans ses lieux (personnellement moi cela m’a fait rêver même si c’est le cas à chaque fois que l’on me parle livre). ela m’a un peu rappelé quand j’ai fait la génealogie avec ma mère.

Dans la dernière partie, c’est le chercheur qui parle pour prendre la défense de l’étude des « humanités ». Dans ces temps où il faut être rentable et utile à très court termes, l’auteur termine son livre par un plaidoyer que plus d’un devrait lire. En voilà, une petite partie :

« La question de « l’utilité » des recherches dans le champ des humanités procède d’une méprise comparable. Si la plupart des métiers tirent leur fierté d’une utilité pratique qui fait d’eux des moyens, des instruments, l’étude des humanités ne saurait se prévaloir de ce genre d’utilité qu’au prix de regrettables contorsions, comme ces rattachements farfelus à quelque actualité brûlante ou à on ne sait quelle « utilité sociale » que proclament certains chercheurs naïfs, craintifs, hypocrites ou opportunistes peut-être – imprudents certainement ; ils ancrent par là même ceux qui exercent le pouvoir avec morgue dans la conviction que leur question est pertinente, alors qu’il faudrait leur mettre le nez dans leur propre ignorance.

Les humanités ne peuvent se plier à cette exigence d’instrumentalité, parce qu’elles participent elles-mêmes de la finalité humaine ; elles sont ce pour quoi les hommes vivent, deviennent, s’illustrent et sont ce qu’ils sont.« 

Et pour terminer l’extrait qui ne parle qu’à moi (sûrement à d’autre quand même) mais je ne résiste pas !

« La recherche est une aventure dont il est impossible de fixer le point d’arrivée avant de s’y être engagé pleinement. Qu’une vague idée lui serve de départ ou que ce soit une source précise, le bon chercheur est celui qui entreprend un voyage incertain. La destination qu’il s’était fixée est souvent bien élognée de la terre où ses pas le conduiront. Il doit quitter le dernier hameau connu. D’abord l’allée est large, toujours entretenue ; il y croise encore quelques promeneurs attardés. L’allée fait place à un chemin, puis à un sentier envahi de broussailles, qui finit par se perdre dans une forêt épaisse. Le soir tombe. Lorsqu’il n’y aura plus personne à qui demander sa route, c’est là, dans une solitude aussi angoissante qu’exaltante, que se jouera l’épreuve de son initiation : soit il rebroussera chemin, soit il s’égarera, soit il saura atteindre cette clairière insoupçonnée, ce village oublié, ce palais secret qui l’attendaient quelque part au-delà des confins du monde connu.« 

J’ai piqué cette idée de lecture chez Caro[line].

Références

La magie des grimoires de Nicolas WEILL-PAROT (Transboréal, 2009)

À noter : c’est le seul éditeur à ma connaissance qui ne met pas son nom sur la couverture.


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