Quatrième de couverture
Pour avoir châtré au bistouri son fils, violoniste homosexuel, un médecin croupit dans un cachot. Jeu de monologues centré autour de cette figure paternelle, sombre et tourmenté, hanté par le vertige de la vacuité, Lèvres pêche révèle le mal de vivre des homosexuels en Chine. Premier roman sur le sujet jamais publié en Chine populaire, il y fut rapidement mis à l’index.
Né en 1958, Cui Zi’en est cinéaste, féru de réalisateurs italiens (Visconti, Pasolini, Fellini…). Professeur à l’institut du cinéma de Pékin, il a été démis de ses fonctions pour avoir publiquement admis son homosexualité. Il est aussi écrivain, critique et théoricien.
Mon avis
Ce livre m’a fait très peur à cause d’un ton très neutre, sans jugement comme si ce qu’il se passait n’était pas tragique ou grave. En effet, l’écriture est en total décalage avec les faits.
Le roman s’ouvre avec une scène dans une cellule de prison. Deux hommes : un jeune et un vieux. Le jeune est condamné pour crime passionnel. On comprend rapidement qu’il est bisexuel car il se moque de son codétenu, médecin, condamné pour avoir châtré son fils qui venait de lui avouer son homosexuel. Le jeune accumule les noms, les stéréotypes (c’est ce que j’ai trouvé dommage) … Finalement, on ne comprend pas tout.
Deuxième partie. Qui semble n’avoir aucun rapport. Un médecin soigne un homosexuel qui va bientôt mourir. Celui-ci lui raconte sa vie : comment il est devenu orphelin très tôt dans sa vie d’adulte, comment il a pris conscience de son orientation sexuel, comment il l’a vécu, comme il s’est fait violé par le père de son premier ami (avec qui tout était resté très chaste), comment il est tombé amoureux de son ami et comment il s’est fait rejeté. Finalement, comment il a combattu sa nature supposée déviante à cette époque : il n’a « connu » qu’un homme, l’homme qui l’a violé et a toujours vécu dans une vie qu’il aurait pu vivre. C’est ce dernier point qui va faire que le médecin va devenir l’ami du malade. Il ira même jusqu’à disperses ses cendres dans le ciel. Sinon le médecin n’aurait pas admis ce choix de vie. On comprend assez loin dans le récit que le médecin est le père du fils châtré de la scène de prison. On se pose des questions car on se dit que finalement il est quand même assez tolérant.
C’est la troisième partie qui nous explique tout. Le père a agit de cette manière car il n’a pas supporté que son fils assume ce qu’il était. Il était de la génération « d’après » ; il a donc beaucoup moins de complexes. J’ai trouvé que c’était la partie la plus violente parce que la plus crue mais aussi parce qu’il y a des échanges violents entre le père et le fils qui consiste pas seulement à « tu me déçois, tu n’es plus mon fils. Dégage de ma maison ».
En conclusion, je crois que ce livre parle d’une tragédie qui ne semble pas vouloir se terminer.
D’autres avis
Celui de Sylvie …
Références
Lèvres pêches de CUI Zi’en – traduit du chinois par Sylvie Gentil (Gallimard – collection Bleu de Chine, 2010)
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