Quatrième de couverture
C’est à la fin de l’été 1939 que deux mille cinq cents hommes, femmes, enfants et vieillards, pour la plupart communistes, tristes vaincus de la nouvelle Espagne franquiste et proscrits de l’histoire, embarquent à Bordeaux sur un improbable bateau. Il a pour nom Winnipeg. Pour armateur, Pablo Neruda. Pour destination, Valparaíso.
À bord, Luis Gontán, alias Kilowatt, électricien – comme son père avant lui – dans un petit village de Galice, a vu sa vie bouleversée par la guerre d’Espagne en 1937. De témoin, il en est devenu acteur. Bien malgré lui d’ailleurs, quand, par erreur, au cours d’une existence débridée, faite de tromperies et d’enchevêtrements amoureux, il est pris pour Foucellas, le redoutable guérillero galicien, anarchiste et antifranquiste. Une méprise qui l’a conduit à endosser bien d’autres vies. Mais c’est en dérobant son portefeuille à un brigadiste mort qu’il trouve la clef de son destin : une carte d’adhérent au PC, le sésame grâce auquel il gravira la passerelle du Winnipeg en quête d’une raison d’espérer et d’une vie nouvelle au Chili …
Père de deux fils, Antoine et Manu Chao, et de plus d’une quinzaine de livres, Ramón Chao est galicien, écrivain et journaliste. Avec L’Odyssée du Winnipeg, il signe un très grand roman picaresque, haletant et sensuel, inspiré par une page émouvante et rocambolesque de la guerre d’Espagne.
Mon avis
J’ai trouvé ce livre vraiment très bon. Je m’étais inscrite pour le partenariat avec BOB pour plusieurs raisons : le fait que ce soit de la littérature espagnole (et que je n’en lis jamais), le fait que ce soit sur la Guerre civile espagnole, le fait que cela parle d’une histoire vraie que je ne connaissais pas du tout, celle du Winnipeg. Mais en fait, c’est tout autre chose qui m’a plu : c’est comment l’auteur, Ramón Chao, a su faire varier les sentiments que j’ai ressenti à la lecture.
On s’attache tout de suite à Kilowatt. Petit escroc, il vit sa vie de manière tranquille, entre son boulot, sa famille, sa copine. Quand quelque chose va mal, il ne se fait pas plus de soucis que ça. On rigole à ses mésaventures burlesques. Pendant les 130 premières pages, on se dit qu’il est vraiment trop fort ce Kilowatt, ce bras-cassé de la guerre. Parce que oui entre temps, la Guerre civile espagnole a commencé. Il s’engage un peu par hasard au côté des Républicains (à cause d’une maladresse dans la rue), puis se retrouve dans le maquis, puis en plein combat. Il vit toujours de la même manière. Il arrive même à se tromper plusieurs fois de camps ! Ramón Chao a été très fort car entre les chapitres sur Kilowatt, il a inséré des bouts d’Histoire. On voit que les « grands » de ce monde ne vivait pas du tout de la même manière. Plus ils ont cherché à encadrer et à régencer le combat, plus la situation a été calamiteuse pour les combattants espagnols. Même Kilowatt va finir par s’en rendre compte et tout à coup, on rit moins et on espère qu’il va s’en sortir.
Alors quand après maints péripéties (et notamment avoir survécu au camp français), il arrive à embarquer dans le Winnipeg. On se dit qu’il est sauvé même si le bateau ne semble pas être très sur. Quand commence dans les 100 dernières pages le récit de cette traversée, on comprend que tout cela va être très dur même si une simple recherche internet nous apprend que le bateau est arrivé à bon port.
Finalement, Ramón Chao n’a pas écrit un livre historique sur un épisode méconnu de la Guerre d’Espagne mais plutôt un roman picaresque (comme le dit si bien la quatrième de couverture) qui lui permet de nous dresser un portrait de l’Espagne à cette période.
Livre lu dans le cadre d’un partenariat entre Blog-O-Book (que je remercie parce que je n’aurais jamais pris ce livre à la librairie même si la couverture est magnifique) et les éditions Buchet-Chastel (que je remercie pour m’avoir envoyer le livre).
Des informations sur le Winnipeg
Sur le site de L’Humanité, sur le site d’une association s’intéressant à l’histoire de la Gironde.
D’autres avis
Celui de Simaé …
Références
L’odyssée du Winnipeg de Ramón CHAO – roman traduit de l’espagnol par André Gabastou (Buchet-Chastel, 2010)
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