Quatrième de couverture
Dans un coin paisible du Devon, une petite fille de six ans, Joanna Mason, est témoin d’un épouvantable massacre, dont elle est la seule rescapée. Trente ans plus tard, l’homme qui a été condamné pour ce crime sort de prison. À Édimbourg, Reggie, seize ans, travaille comme nounou chez un médecin, le docteur Hunter. Mais quand celle-ci disparaît, Reggie est la seule personne qui semble s’en apercevoir …
Enfin, l’inspecteur en chef Louise Monroe retrouve son vieil ami, Jackson Brodie, le détective privé de La souris bleue, empêtré dans un mariage malheureux, qui part à la recherche de son fils …
Avec humour et maestria, Kate Atkinson brouille les pistes, entremêlant les intrigues et tenant le lecteur en haleine jusqu’aux dernières pages.
Mon avis
Kate Atkinson est une formidable raconteuse d’histoire. En tout cas, cette histoire-ci est très bien trouvée. Elle ne tombe jamais dans le stéréotype auquel on pourrait s’attendre. Vous ne l’aurez peut être pas compris à la quatrième de couverture mais Joanna Mason et le docteur Hunter ne font qu’une mais pas à la même époque. Joanna a donc échappé au massacre de sa famille (son frère, sa soeur, sa mère) en rase campagne par un inconnu. Trente ans plus tard : elle s’est construite une vie modèle avec un bébé et un mari qui a tout du parfait looser (tout ce qu’il entreprend tourne mal). Problème : la personne qui a assassiné sa famille va sortir de prison. Le soir où elle « apprend » cette nouvelle, elle disparaît. Trois pistes sont alors possibles pour le lecteur : la fuite, un règlement de compte suite aux affaires de son mari, une mort (assassinée par le meurtrier qui voulait finir sa tâche). Les trois pistes restent possibles assez longtemps dans le récit. De plus, Kate Atkinson ne nous épargne aucun rebondissement : elle va même jusqu’à faire dérailler un train ! Malgré l’intrigue, ce n’est pas du tout un roman policier. Elle se concentre plutôt sur l’étude des personnages. Souvent, ils sont moins lisses qu’ils n’y paraissent d’ailleurs. C’est Reggie qui m’a le plus plu. À force d’être comparée aux héros de Dickens, cela vous donne envie de le lire ! Ceux qui m’ont le moins intéressé sont paradoxalement Louise Monroe et Jackson Brodie car Kate Atkinson les étudie moins et les fait plus vivre que les autres.
On touche ici à mon avis un point faible du livre. C’est une série dont les premiers tomes sont La souris bleue et Les choses s’arrangent mais ça ne va pas mieux où ces deux personnages sont apparus (deux livres que j’aurais dû lire car ils sont dans ma Pile à Lire). On peut lire ce troisième tome indépendamment mais cela gâche un peu le livre car il s’inscrit pleinement dans cette série par son déroulement mais aussi par sa fin. En effet, comme le souligne Cathulu (qui est une fan absolue de Kate Atkinson et dont l’avis vous donnera forcément envie de lire cette auteure), il y aura une suite et on voit dès ce livre ce qu’elle veut faire. La fin est donc en quelque sorte facile et trop gentille par rapport à des personnages qu’elle nous avait laissé voir plus obscurs.
D’autres choses m’ont gênés dans ce livre et elles touchent toutes à l’écriture de Kate Atkinson. Elle a une écriture faussement naïve qui peut lasser et qui à mon sens justifie sa construction, qui alterne les voix des différents personnages. Elle n’aurait pas pu tenir un roman tout entier avec cette écriture. Cette écriture a aussi contribué au fait que je m’attache aux personnages mais que je n’arrive à m’identifier à eux (dans mon langage, cela veut dire que je ne me suis pas figurée).
Une copine m’avait dit que, quand elle avait lu les Millenium, ce qui l’avait marqué c’est l’importance que les Suédois apportaient aux objets. Là elle aurait été servie car si vous voulez connaître la marque du téléphone portable de Jackson Brodie, la marque des voitures qui traversent le livre, la marque du sac à main de Joanna Hunter, la marque de tous les aliments que les personnages mettent dans leurs bouches, votre curiosité sera satisfaite. Je ne crois pas que ces détails dans dix ou vingt ans soient compréhensibles. De même, mais là c’est de ma faute, l’humour est empreint de références culturelles (littéraires mais aussi cinématographiques, musicales, télévisuelles) qui le rende incompréhensible pour un non-britannique. Je crois donc qu’à la traduction, on perd beaucoup, beaucoup de Kate Atkinson.
En conclusion, c’est un roman que j’ai lu avec grand plaisir (et je lirai donc les tomes qui sont déjà dans ma PAL) même si l’écriture et la traduction me font penser que ces livres ne seront pas des souvenirs mémorables pour moi. C’est un peu comme les Isabel Dalhousie de Alexander McCall Smith. On passe un bon moment de détente même si les histoires de Kate Atkinson sont plus construites il faut le reconnaître !
Livre lu dans le cadre du Prix littéraire des blogueurs organisé par George Sand. D’autres avis ici et ici. Lisez l’avis de Plume qui est tout le contraire de l’avis de Cathulu !
C’est un roman que j’ai reçu via un partenariat avec Alapage, partenariat monté par George elle-même ! Je les remercie donc tous les deux.
Références
À quand les bonnes nouvelles ? de Kate ATKINSON – roman traduit de l’anglais par Isabelle Caron (Livre de Poche, 2009)
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