Je me suis acheté récemment le livre 100 courts chefs-d’œuvre de Jean-Pierre Montal et Jean-Christophe Napias (La Petite vermillon). J’adore lire des livres courts que je n’ai pas le moral ou que je me sens bloquée dans ma lecture du moment, car cela me donne l’impression d’avancer dans quelque chose. Le livre est très intéressant, même si je connais déjà un certain nombre des ouvrages listés.
J’ai commencé par les lettres A et B, puisque les livres sont présentés dans l’ordre alphabétique pour 90 % et je suis tombée sur une auteure que je ne connaissais pas du tout, même si elle semble plutôt connue, d’autant que le livre conseillé était Sa femme, qui a tout de même reçu le Prix Médicis en 1993. L’argument qui m’a convaincue de lire ce livre est qu’Emmanuèle Bernheim était décrite comme une artiste de la brièveté et de la précision.
Claire est une jeune femme médecin qui vient de s’installer dans son cabinet. Elle commence à avoir une bonne clientèle, mais reste seule dans sa vie privée. Plus exactement, elle admet la visite régulière chez elle, pour la nuit, d’un homme qu’elle a quitté depuis deux ans. Sa vie change le jour où elle rencontre Thomas dans sa salle d’attente. Thomas n’est pas un patient, mais est venu lui rendre son sac qu’elle avait égaré. La rencontre est insolite, puisqu’il ne se présente pas, laisse simplement le sac dans la pièce. Cela intrigue forcément Claire. Elle cherche à le revoir, ce qui sera assez facile, car il travaille dans le chantier en face de chez elle. Une liaison commence : Thomas vient, chez elle, une heure et quart, pratiquement tous les soirs chez Claire. Et oui, le bel amant est marié et assez secret. Rapidement, Claire devient obsédé par la femme, sa femme à lui.
Comme cela, cette histoire n’a l’air de rien, mais Emmanuèle Bernheim par la dernière phrase de ces 114 pages transforme toute l’image que le lecteur s’est forgée au cours de sa lecture. Je vous confirme le fait que l’auteure était une artiste de la brièveté et de la précision. En très peu de pages, le lecteur arrive à voir, à connaître, à comprendre Claire, pour simplifier à s’identifier au personnage de cette femme, sans pour autant avoir vécu la même situation. On est embarqué ; le livre devient passionnant. Il y a très peu de descriptions, pas de dialogues. Tout est raconté de son point de vue. On va éprouver ses sentiments et ses préoccupations : l’excitation et la joie de la première période amoureuse, le petit pincement au cœur quand Thomas lui apprend qu’il est marié, l’acceptation de ce fait pour garder son bonheur, l’obsession vis-à-vis de cette femme inconnue…
J’ai vraiment adoré ce bouquin. Emmanuèle Bernheim est décédée en 2017, à l’âge de 61 ans. Elle n’a eu le temps d’écrire que six ouvrages. Tous courts. J’ai bien sûr envie de tous les lire, maintenant.
Références
Sa femme d’Emmanuèle BERNHEIM (Gallimard, 1993)
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