Il s’agit du troisième livre numérique que j’ai acheté pour découvrir les nouveaux titres de la rentrée littéraire et je peux vous dire qu’encore une fois, je ne le regrette pas. Trois livres, trois excellentes lectures, toutes prenantes et captivantes.
Ici, on suit Lucie, une jeune fille soignant son apparence, intelligente, avec une meilleure amie qui est pratiquement comme une sœur pour elle. Elle n’a plus que sa mère, depuis le décès de son père dans un accident de montagne. On pourrait donc dire que tout va bien pour elle (à part bien sûr l’absence de son père, de qui elle était très proche). Cette année, elle rentre en khâgne à Paris et éprouve une certaine fierté à faire partie de l’élite de la France. Elle n’est plus en cours avec Juliette, même si elle peut la voir régulièrement puisque celle-ci suit un cursus de Lettres dans une université parisienne. Sauf qu’elle est en classes préparatoires. Elle n’a donc pas le temps. Elle doit travailler beaucoup, de plus en plus mais elle décroche de plus en plus, ne trouve plus de sens à ce qu’elle étudie. Elle peut cependant compter sur le soutien de Mathilde, une camarade de classe un peu mythomane. Celle-ci l’emmène souvent dans un couvent parisien dont elle connaît bien les sœurs et surtout la mère supérieure.
Lucie commence à se sentir bien là-bas. Elle n’aspire plus qu’à une chose : vivre sa foi complètement, se consacrer à Lui, être son épouse … Elle deviendra rapidement postulante (abandonnant ainsi ses études), novice, sœur après ses vœux définitifs. Elle va découvrir rapidement la vie au couvent, les petites mesquineries et grandes brimades qui la feront toujours douter de sa vocation. Là, où elle pensait ne trouver que partage et absolu dans la foi, elle trouve beaucoup de comportements bien humains.
Cela peut apparaître lassant et répétitif car on peut penser que dans un couvent les activités sont assez répétitives. Mais en fait non. Maëlle Guillaud fait évoluer son personnage tout au long du roman qui se déroule sur une dizaine d’années. Elle lui fait monter les échelons administratifs ; ces occupations varient avec ces promotions : elle passe du ménage, à l’accueil des pèlerins, au recrutement, à l’enseignement aux novices. Le personnage de Lucie évolue aussi intérieurement : elle perd sa vie d’avant progressivement, devient plus dure, se ferme aussi. De plus, l’histoire de Lucie est ponctuée par de courts chapitres où on entend la voix de Juliette (qui d’après ce que j’ai cru lire, serait un peu la voix de l’auteur qui a vécu cette situation ; une de ses amies est rentrée au couvent). Celle-ci n’a que des doutes et ne comprend plus du tout Lucie. Pour elle, la vie est dehors, à vivre un amour avec un homme de chair et d’os. Pourtant, elle ne cessera jamais de lui rendre visite, de la soutenir et de l’écouter (c’est une vraie meilleure amie, elle).
Cette lecture a été très intéressante pour moi car personnellement, je serais plutôt du côté de Juliette. Pourtant, j’étais toujours voulu comprendre mieux comprendre ce que signifiait la foi pour les gens qui l’avait. En différenciant la foi de Lucie et l’Église catholique, j’ai trouvé que Maëlle Guillaud donnait très bien à comprendre cela. Pour être plus claire, on comprend bien ce que trouve Lucie dans la religion : le partage dans quelque chose qu’elle trouve beau, la volonté d’avoir un monde meilleur (et non divisé), trouver un sens au fait d’être sur terre (ne plus penser que tout ce qu’elle fait fait est vain), trouver une place dans une communauté. C’est pour cela que depuis le début du billet, je dit qu’elle est en quête d’absolu, de quelque chose qui n’existe pas en quelque sorte. Un peu naïve, elle ne comprend que très tardivement que cela ne peut pas se trouver auprès d’hommes (en l’occurrence ici de femmes) et que l’Église catholique est aussi une grande entreprise, qui souffre des mêmes mots que celles-ci.
Lucie ou la vocation est donc une histoire qui m’a passionnée parce qu’elle répond (un peu) à des questions que je me suis souvent posée. De plus, elle est servie par une écriture très agréable à lire. Un très beau premier roman donc !
Les avis de Sabeli, de Marie-Claire, de Nath. Sur la chaîne YouTube de la librairie Mollat, vous pouvez une vidéo où l’auteur parle de son livre.
Références
Lucie ou la vocation de Maëlle GUILLAUD (Éditions Héloïse d’Ormesson, 2016)
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