J’avais repéré ce livre dès sa parution car je trouvais sa couverture trop belle. Quand j’ai vu qu’il était disponible à la bibliothèque numérique de Paris, je l’ai donc emprunté. Forcément !
C’est l’histoire d’Elyria, une jeune femme américaine qui a tout pour elle, ou en tout cas qui semble tout avoir pour elle : un mari aimant, un super boulot (elle est scénariste pour une série télé ; et oui c’est un travail qui n’existe pas uniquement dans les séries télévisées), un appartement classieux, des amis … Pourtant, un jour, elle décide de tout plaquer pour partir en Nouvelle-Zélande, chez un écrivain solitaire, qui lui a un jour lancé une vague invitation. Le livre est l’histoire de ce voyage et du retour inéluctable.
Le présent si parfait cache un passé plus sombre : un drame familial précédé par une mère peu présente. Le mariage parfait devient est aussi moins parfait qu’il n’en a l’air. Pourtant, Catherine Lacey ne décrit pas une femme névrosée ou quelque chose comme cela, mais plutôt une femme tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Pour preuve, il n’y a pas de happy end où tous les problèmes passés se résolvent dans le présent mais bien pas de fin du tout parce que dans la vie de tous les jours il n’y a pas forcément de fin après 250 pages.
De cette femme normale, qui réalise tout de même un acte extrême, on suit les pensées, des pensées bousculées, rapides, syncopées. Elle expose devant nous sa solitude, son incompréhension, ses doutes face à sa personnalité. La question qui sous-tend le livre est bien de savoir s’il est normal de faire comme si tout allait bien, tout le temps, comme si on n’avait aucun doute, à aucun moment. Le roman questionne aussi la part de normalité en tout être.
C’est un premier roman et j’ai franchement trouvé brillante la manière dont Catherine Lacey retranscrit la moindre pensée de son héroïne. J’ai aimé le rythme intense tout au long du roman, la façon dont on sent mouliner ce cerveau, parfois à vide il faut l’avouer. J’ai lu des avis sur LibraryThing qui disaient que le roman raconte la manière dont une femme devenait folle mais c’est complètement faux à mon avis. C’est plutôt la manière dont la société va traiter cette femme, cette personne, qui s’interroge sur son avenir, sur son couple et sur son bonheur.
Si on voulait vraiment trouver une faiblesse au roman, je dirais que c’est l’histoire en elle-même. Finalement, la romancière ne fait rien des éléments familiaux qu’elle introduit. Mais peut-être que si elle l’avait fait, le roman aurait été gnian-gnian et surtout déjà vu / lu.
En conclusion, une très belle découverte. Je lirai volontiers son deuxième roman !
Les avis de Cathulu et Noukette, tous les deux très enthousiastes.
Un extrait
Est-ce que tout le monde sur la planète, ou au moins tout le monde sur la planète appelée moi, n’est pas coincé entre deux impulsions : le désir de disparaître comme si rien n’était jamais arrivé et le désir d’être une bonne personne amoureuse, aimante, aimée, qui ait un sens, qui aille juste bien ? Je veux être cette personne, une portion de personne respectable mais je voudrais aussi n’avoir rien à voir avec le fait d’être une personne, parce qu’être une personne c’est être cassable, c’est savoir que tu vas casser, incessamment à tout moment, et peut-être pas simplement à tout moment, mais précisément à ce moment-ci, cette minute, un avion pourrait tomber du ciel et t’écraser, ou le bâtiment dans lequel tu te trouves pourrait simplement s’effondrer et te tuer ou tuer la personne que tu aimes …
Références
Personne ne disparaît de Catherine LACEY – roman traduit de l’anglais (États-Unis) par Myriam Anderson (Actes Sud, 2016)
Laisser un commentaire