Cela va devenir redondant mais je m’excuse encore de mon absence. J’ai beaucoup de mal à bloguer quand je travaille. Je suis juste trop fatiguée. Je lis toujours autant mais arrivée à la fin du livre, je n’ai juste pas envie d’en parler parce que je sais que cela me prendra trop de temps d’organiser mes idées. Quand je vois en plus qu’au final, mon billet n’est aucunement organisé, cela me désespère un peu d’y arriver un jour. J’ai essayé lors de la lecture de The Giver de Lois Lowry de prendre des notes chaque soir, pour que mon blog ne soit pas mon brouillon mais c’est trop contraignant et plus une corvée qu’autre chose.
Le point positif est que je suis en vacances quinze jours, et que fin janvier (normalement) nous quittons nos locaux pour faire du télétravail (cela est facilité par le fait que nous ne soyons que deux). Je serais beaucoup moins fatiguée et donc plus disponible pour reprendre le fil de ma vie.
Cependant, il y a quand même un livre dont je voulais vous parler et que j’ai lu la semaine dernière. Il m’a fait à la fois rire et réfléchir. Il est à la fois loufoque et sérieux, inventif et ancrée dans une problématique actuelle. Je l’ai découvert dans Le Matricule des Anges (du mois dernier, je pense). Je l’avais vu en librairie mais je ne m’étais pas branchée dessus vu que je n’aime pas les livres au couverture jaune. En fait, sous la jaquette, la couverture est bleue. Comme quoi, il faut ne pas se fier aux apparences.
L’histoire commence très fort. Un homme, Leonardo Ferretti, vient voir un savant, Fabián Hunico, lui demandant de le cloner, pas en un seul exemplaire mais en plusieurs, sous prétexte qu’il doit échapper à toutes ses maîtresses. Le savant accepte après que l’homme ait dévoilé la véritable raison d’une telle demande : il est poursuivi par les services secrets d’Argentine à cause de son activité révolutionnaire. Cette partie du roman dure très peu de pages, une trentaine maximum, mais pourtant s’esquisse déjà les principaux thèmes du roman. Qui sommes-nous et qu’est-ce qui fait que nous sommes nous, notre apparence, nos souvenirs, nos manières d’agir … Cette partie est traitée d’une manière humoristique puisque les copies vont être testées sur les maîtresses pour savoir si elle voit une différence au niveau des performances sexuelles. Cela part de cette idée préconçue que l’homme n’est que son enveloppe extérieure. Le plus drôle est que l’auteur confirme plus ou moins cette hypothèse, les femmes sentent une différence mais très légère. Les clones échappent au contrôle de Ferretti, les clones n’ayant pas les mots et surtout l’expérience leur permettant de décrire ce qu’ils vivent. Il en vient donc à les détester et à les tuer mais alors il revient au point de départ : il reste poursuivi par les services secrets.
Il fuit dans le désert mais cette solution ne lui convient pas. Il adepte dès lors un moyen radical : changer de sexe. Mais alors il va attirer le regard des hommes vers lesquels il n’est pas attiré, et particulièrement d’un, qui est son clone. C’est un peu comme couché avec soi-même. Là encore, sous un côté loufoque, l’auteur présente ses réflexions sur ce sujet d’une manière intelligente (et surtout non omniprésente). L’histoire reste privilégiée.
Suite à un rebondissement, il rechange de sexe, mais aussi d’identité, lui arrive une aventure extraordinaire qui va intéresser des producteurs de films. C’est cette histoire qui occupe la majeure partie du livre et qui est vraiment très … inattendue, et donne lieu à un dénouement tout aussi inattendu. Je n’ai jamais lu cela nul part et je ne pense pas le relire de sitôt. Là encore, les thèmes sont ceux de l’identité (est-ce que l’acteur d’un film peut remplacer le vrai héros ? est-ce qu’il est possible de construire sa vie sur un mensonge ? qu’est-ce que la vie de couple ? comment un enfant peut vous aider à vous découvrir ?) C’est intéressant mais un peu trop barré parfois. Il n’y a pas de juste milieu dans les péripéties et la manière de penser et d’agir. C’est tout de suite très radical.
J’ai aimé les trois histoires avec une très nette préférence pour les deux premières qui m’ont fait beaucoup rire et lever les sourcils. J’ai cependant trouvé que le livre présentait une faiblesse au niveau du raccord entre les différentes histoires. Il y a des dessins à l’intérieur du livre, dont un qui représente parfaitement ce que je pense. Un homme sur son cheval en train de fuir en plein désert, avec les nuages (ou montagnes) en arrière plan. Un peu comme dans les vieux jeux PC, les cactus en moins. Le seul lien évident pour moi, ce sont les thématiques mais surtout les personnages de Ferretti et d’Hunico (qui apparaît un peu comme une voix de la raison, avec des ratés tout au long du roman).
C’est un très bon livre intelligent, distrayant, imaginatif (pour vous donner une indication, je vais le garder dans ma bibliothèque malgré sa couverture jaune) … mais ce n’est pas un livre que je recommanderai à tout le monde, très clairement. Par contre, comme d’habitude avec les éditions de L’arbre vengeur, l’objet-livre est magnifique et particulièrement agréable à tenir en main.
Le thème des clones a l’air dans l’air du temps en Argentine car est sorti aux éditions de La dernière goutte pour cette rentrée littéraire Le cœur de Doli de Gustavo Nielsen. Je l’ai acheté car je voulais rester plus ou moins dans la même thématique.
Références
L’homme traqué de Daniel GUEBEL – traduit de l’espagnol (Argentine) par D. et R. Amutio – illustrations de Simon Roussin (L’Arbre vengeur, 2015)
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