Les errants est un tout petit texte de 90 page, à classer dans la catégorie récit. En effet, Mamine-Sibiriak, dont le vrai nom est Dmitri Narkissovitch Mamine (1852-1912) est connu pour ses récits décrivant de manière réaliste « la vie misérable des petits paysans, des ouvriers et de mineurs de l’Oural et des confins occidentaux de la Sibérie avec une totale sincérité et une précision quasi-ethnographique ». On peut trouver plusieurs de ces textes sur le site de la Bibliothèque russe et slave.
Dans ce récit, on suit l’arrivée dans un village de trois évadés du goulag. Il y a Ivan-la-vie-malheureuse, Joseph-le-Magnifique et Pérémet (dont finalement on entendra peu parler). Normalement, ils sont bien accueillis par les villageois dans le sens où on leur met à manger près des fenêtres pour ne pas qu’ils attaquent les maisons. Les villageois restent donc méfiants mais ne tuent pas les errants. Bien sûr, il ne faut pas faire parler de soi dans le mauvais sens du terme au village, sinon cela se termine mal. Nos trois errants s’installent dans une île à la périphérie de la ville. Les villageois viennent voir pour prendre contact. L’oncle Listar s’infiltre vite dans le groupe et cherche à les faire admettre par le village. Il présente ainsi Joseph puis Ivan à la femme, une veuve, chez qui il loge. Or celle-ci reconnaît en Ivan l’homme qui a tué son mari et accessoirement son frère (d’Ivan, pas de la veuve bien sûr). Elle n’ose pas ébruiter cette affaire même si plusieurs personnes semblent le reconnaître. Tout cela va entraîner la jalousie de l’oncle Listar et cela va tourner au drame, les villageois cherchant à tout prix à faire partir les errants.
J’ai adoré ce livre pour son réalisme. J’avais lu juste avant Voyage en Sibérie de Charles Vapereau (dont je vais vous parler après), où justement il parlait de la cohabitation entre les Sibériens et les évadés du goulag. Il disait exactement la même chose que Mamine-Sibiriak. Je n’ai donc pas trop eu de doute sur la qualité « quasi-ethnographique » du récit, en tout cas pour ce qui concerne la description de la vie quotidienne. À la lecture on a l’impression de lire un roman russe classique, de bonne facture, avec les personnes qui reviennent, les drames, la pauvreté, le pouvoir de la famille, toutes les actions étant amplifiées. La question que je me suis posée est celle de savoir si même cela avait une « précision quasi-ethnographique ». Cela n’a un peu rien à voir mais en fait, on dit que pour comprendre les Russes il faut lire des romans russes. Je me demande donc si cette vie pleine de drames et de passions est la réalité. Quel est votre avis sur ce sujet ?
Références
Les errants de MAMINE-SIBIRIAK – récit traduit du russe par Marc Lazarewitch (Éditions ombres, 1999)
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