Présentation de l’éditeur
Mexico, ville labyrinthe, ville décadence, ville violence, ville sordidité ; ville : piège fermé. La ville et ses miasmes comme destin inéluctable. Johnny, Rebecca, Carrillo sont les personnages d’une tragédie qui est une et se répète à l’infini en un cruel jeu de miroirs. L’Autre Visage de Rock Hudson est un livre dépouillé, à la frontière du roman de mœurs, du roman policier et du roman noir. Guillermo Fadanelli, l’un des écrivains mexicains les plus prometteurs de sa génération, dépeint les expériences d’une jeunesse désenchantée au bord des abîmes de la drogue et l’abandon. Sans concession, ni fausse pudeur.
Mon avis
Autant je n’avais été que moyennement convaincu par Guillermo Fadanelli, auteur de Éduquer les Taupes, autant la lecture de ce livre n’est certes pas agréable mais est intéressante à suivre.
Plusieurs points contribuent à cela.
La construction du roman est très intéressante. Elle alterne de manière assez irrégulière le point de vue du narrateur, jeune adolescent habitant donc à Mexico avec sa sœur aînée Elena (avec qui il est très proche) et ses deux parents, et Juan Ramírez dit Johnny. Ce dernier a à peine plus de trente ans. Il est déjà très usé par la vie : il deale de la drogue et est un tueur à gages assez recherché (dès qu’on a une rancœur contre un patron, la maitresse de son mari, on vient le trouver et il vous arrange tout cela). Pendant tout le roman, on se dit c’est facile : Johnny va attirer le narrateur dans la drogue en le faisant revendeur car le narrateur traîne beaucoup dans la rue depuis la séparation de ses parents (il en est de même pour Elena). Pas du tout en fait. On va se rendre compte que la pensée de Johnny est beaucoup plus complexe qu’on ne pourrait le penser et que le lien est caché mais est autre. De même, il est souligné dans la quatrième de couverture que le livre présente « une tragédie qui est une et se répète à l’infini en un cruel jeu de miroirs ». Les éléments, qui font le pourquoi le narrateur est une sorte de mini-moi de Johnny, ne nous sont livrés qu’à la fin du roman. On se rend compte que Guillermo Fadanelli vient de nous raconter l’enfance de Juan à travers celle du narrateur et comment il est devenu tel qu’il est aujourd’hui.
Le deuxième point très intéressant du livre, c’est les personnages qui sont particulièrement bien travaillés. L’auteur arrive à nous faire sentir leurs modes de raisonnement ainsi que certains de leurs sentiments. C’est une écriture assez froide qui renforce l’idée d’inéluctabilité que voulait donner l’auteur (si on avait su qu’à ce moment-là, le narrateur n’aurait pas fait ce choix car il avait pensé que … cela aurait clairement gâché cet effet).
La peur, la vantardise, l’arrogance sont exclus du roman. On a cette impression que les relations sont dictées par un code non écrit et par le respect et les gens qui ne respectent pas cela meurent. C’est peut être cela la conclusion de Guillermo Fadanelli. Les relations que les adolescents nouent dans la rue remplacent l’influence des parents et c’est cela qui décide de leurs destins. Cependant, le Destin semble inévitable à Mexico. C’est ce qui fait le tragique du livre aussi.
En plus, si vous lisez ce livre, vous apprendrez les conséquences d’un pic à glace planté dans l’œil.
Références
L’Autre Visage de Rock Hudson de Guillermo FADANELLI – traduit de l’espagnol (Mexique) par Nelly Lhermillier (Christian Bourgois, 2006)
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