Quatrième de couverture
Vera et István s’aiment passionnément depuis un demi-siècle. Ils ont survécu à la Shoah, au régime communiste, à l’insurrection de Budapest et à l’exil au Danemark. Jusqu’à ce dimanche d’octobre 1991 où ils décident de mourir, ensemble … Traquant les souvenirs, Johanna Adorján part sur les traces de leur destinée belle et douloureuse.
L’histoire d’un amour hors du commun, otage d’un siècle chaotique, retracé avec pudeur et tendresse par la petite-fille de ce couple inoubliable.
Mon avis
Ce livre m’a beaucoup dérouté. À lire la quatrième de couverture, je m’attendais à un livre écrit de la même manière que Les Disparus de Daniel Mendelsohn : une enquête familiale. La narratrice, qui se confond ici avec l’auteur, entretient cette idée puisqu’en même temps qu’elle nous raconte l’histoire de ses grands-parents, elles racontent les rencontrent qu’elle fait pour éclaircir certains points de cette histoire. Elle dit que c’est une enquête et donc à mon sens, que cela part d’une démarche. Mais cette démarche, elle ne nous la décrit pas. Elle ne nous dit pas non plus pourquoi elle fait tel ou tel voyage. On ne sait rien de sa vie non plus (elle doit parler en tout et pour tout deux fois de son caractère et une fois de sa vie passée, un peu plus de sa famille mais pas beaucoup). On comprend qu’elle veut savoir ce qu’elle n’a jamais pu ou même eu l’idée de demander à ses grands-parents. On comprend aussi qu’elle veut essayer de comprendre pourquoi ils se sont suicidés ensemble, même si au fond elle a déjà compris qu’ils s’aimaient trop pour pouvoir vieillir seul(e), après la mort de l’autre.
Le truc, c’est que Johanna Adorján donne l’impression de nous donner à lire un livre brouillon, un livre qui serait destiné à la famille proche. On peut dès lors se demander quel et l’intérêt de publier un tel livre. Je crois que cela tient au fait que ce qui n’est pas dit est le plus important. En faisant un peu de psychologie de comptoir, je pense que tout est dans le titre : Un amour exclusif. En écrivant ce livre, l’auteur a surtout cherché à rentrer dans l’intimité d’un couple qu’elle admire (il y un petit côté haine-admiration aussi pour sa grand-mère à qui elle ressemble tant), un couple qu’elle n’a jamais pu « approcher » car ils étaient tout l’un pour l’autre, avaient un côté hautain qui éloignait les autres. À plusieurs reprises, elle explique qu’elle se sent particulière, qu’elle n’a pas une identité tout à fait construite. Je crois qu’implicitement elle oppose sa solitude au couple de ses grands-parents, qu’elle aimerait faire partie de quelque chose. C’est peut être pour cela qu’elle a fait publier son livre : pour se sentir quelqu’un, pour avoir le sentiment d’appartenir à sa propre famille.
Références
Un amour exclusif de Johanna ADORJÁN – traduit de l’allemand par François Toraille (10/18, 2011)
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