Quatrième de couverture
Après avoir vécu près d’un demi-siècle à l’étranger, deux sœurs retournent passer un été dans leur maison natale, aux abords d’Amsterdam, avant de la vendre. Épouse de diplomate, Félicia a vieilli dans l’enceinte des ambassades pendant que Nina partageait la vie de bohème d’un guitariste sud-américain. Leurs difficiles retrouvailles ont lieu sous l’avide regard des habitants du quartier, dont elles vont à leur insu bouleverser l’existence.
Puisant sa singularité dans une poésie de l’étrange qui laisse la part belle à la rumeur, au rêve, au fantasme ou au cauchemar, ce roman se clôt sur un constant douloureux : on ne peut rien changer à son passé, et si peu à son destin.
Mon avis
J’ai trouvé que l’atmosphère de ce livre était la même que dans Un long week-end dans les Ardennes : oppressante. Il n’y a pas l’isolement mais presque. Malgré le voisinage. C’est justement ce voisinage qui rend le roman oppressant. Hella S. Haasse a adopté une narration en deux temps. Il y a la partie classique avec l’alternance des points de vue des protagonistes et la partie où c’est une personne du voisinage qui intervient pour faire avancer l’histoire mais aussi pour décrire le sentiment des voisins sur l’histoire. Il y a le côté bienpensance, le côté commérage, le côté scrutateur … Exactement comme la narratrice dans la série Desperate Housewives. Cette voix qui sort de nulle part mais qui juge.
Ce n’est pas la seule chose qui m’a fait penser à cette série. Le roman se concentre sur des destins de femmes, de femmes volontaires ou qui vont le devenir. Les hommes de manière générale vont plutôt subir les décisions. Il y a les deux sœurs, une veuve de diplomate, plus que classique mais qui n’a pourtant pas connu le bonheur malgré les apparences, l’autre qui est veuve d’un guitariste argentin. Elle, elle a connu le bonheur mais aussi le malheur puisqu’elle a subit les dictatures argentines. Elle ne s’est cependant jamais tue ; elle s’est toujours révoltée. C’est la personne qui est la plus proche d’une vie réussie, ou en tout cas, d’une vie vécue de tout le roman. Il y a les deux voisines des deux sœurs : une Bree Van de Kamp, petite fille malheureuse qui a réussi à s’en sortir en apparence en tout cas et qui tient sa maison de main de maître, et Wanda, petite bonne femme qui ne sait pas qui elle est, à part la femme d’un mari trop gentil, trop prévenant, trop étouffant.
Ce qui est intéressant dans le roman, c’est que Hella S. Haasse ne parle pas de cela. Elle focalise sur l’histoire de Nina et de l’Argentine. On a l’impression tout au long du roman que c’est le thème principal mais en fait non. Alors quand le roman se termine, on est frustrée car l’auteure n’a pas été à fond dans ce thème là. C’est comme si l’auteure nous forçait à regarder d’un côte tout en voulant nous montrer autre chose. Dans le même genre, le fils du guitariste revient voir sa belle-mère. Wanda disparaît. Hella Haasse sous-entend un lien qu’elle laisse en suspend (elle reprend un peu cette idée à la fin mais elle ne conclut pas). C’est étrange comme manière de procéder.
Finalement, je dirais, au niveau du ressenti, que les romans de Hella S. Haasse me font penser aux meilleurs de Jennifer Johnston (cela tombe bien parce que j’en ai deux dans ma PAL).
D’autres avis
Ceux de Claudialucia, de Malo, de Schlabaya …
Références
Des nouvelles de la maison bleue de Hella S. HAASSE – roman traduit du néerlandais par Annie Kroon (Actes Sud / Babel, 2004)
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