Ce livre traînait depuis longtemps dans ma PAL. Il n’y a pas que lui qui y traîne d’ailleurs. Même si il est à moi depuis longtemps, je me rappelle très bien pourquoi je l’ai acheté. Parce qu’il y avait le mot Ardennes dans le titre (cela me fait rêver depuis que je suis petite car on allait en vacances en Champagne avec notre guide vert Champagne Ardennes or ma mère trouvait que les Ardennes c’était loin pour notre vieille voiture). Eut un temps où je croyais que les Ardennes, cela s’arrêtaient à la France (j’étais jeune et influençable au moment de Tchernobyl alors moi, ces histoires de frontières, j’y croyais dur comme fer). Puis j’ai lu et quelle a été ma surprise de découvrir qu’il y avait des Ardennes en Belgique et au Luxembourg. Figurez-vous que même la Meuse coule ailleurs qu’en France. Je l’ai découvert en lisant Renate Dorrestein. Après avoir découvert que je suis une cruche en géographie et qu’il ne me faut pas grand chose pour rêver, passons aux choses sérieuses.
J’ai sorti le livre de ma PAL car il était devant moi et que cette dame est morte cette année (j’avais deux livres d’elle dans ma PAL en plus).
Quatrième de couverture
La grande pianiste Edith Waldschade aime les loups et en élève trois, en dépit des légendes effrayantes que lui racontait son père quand elle était enfant. Solitaire et taciturne, elle respecte ces animaux pour leur beauté et leur intelligence tandis que son père révérait en eux la bête souveraine de la mythologie nordique.
Dans sa propriété cernée de sapins surgit un jour l’inquiétant Erwin, qui prétend être son demi-frère. Que veut-il ? Que sait-il ? Le mystérieux passé familial dont il semble être le dépositaire mêle superstitions et peurs ancestrales à une histoire plus récente, celle de l’Europe brune des années 1930-1940.
Mon avis
Ce roman m’a plu, même énormément malgré ce qui va suivre.
Il y a une multitude de thèmes qui est abordé mais il n’y a aucune conclusion. Il y a la mythologie nordique abordée avec le prisme de justification à l’idéologie nazie. En parallèle, il y a l’image du loup dans cette même mythologie. Il y a le rôle du loup, celui de la musique, celui d’un couple multi-ethnique, l’amour, les relations familiales, le rôle du journaliste, les sectes, l’immigration. Tout est mêlé avec brio et intelligence mais il n’y a pas de conclusion. Ou si la conclusion est que la vie est faite de coïncidences et de hasard et que tout cela peut jouer même longtemps après.
Le livre tient sur son atmosphère si particulière proche du film Festen. D’ailleurs, une grande partie de l’action se déroule sur un « long week-end ». Il y a cette idée de regrouper des personnages dans un même lieu (Agatha Christie le faisait avant mais elle faisait mourir ses personnages). Il y a la même ambiance mystérieuse, hystérique, suspicieuse, le même côté secret de famille. Puis il y a le déclencheur aussi.
L’écriture de Hella S. Haasse est particulière car elle change suivant les personnages. Pour certains, il va y avoir une narration classique ; le temps utilisé est le passé. Pour la pianiste, quand un dialogue intervient avec Erwin, le soi-disant demi-frère, le temps est le présent, les gestes sont entre parenthèses. Cela donne l’impression qu’elle parle avec une sorte de Dieu tutélaire ou avec un côté de sa mémoire qu’elle n’ose pas se rappeler. Toutes ces scènes ont un côté très envoûtant.
Bien sûr, il y a aussi l’envoûtement du paysage, sombre et stoïque à souhait ; les loups qui rodent autour de cette maison de malheur et de haine. Quand j’y réfléchis bien, je crois que le style froid de Hella S. Haasse renforce tout cela. La pianiste va pleurer, sa nièce va se montrer hystérique et pourtant leurs comportements semblent toujours déplacés même si ils sont justifiés (avec un climat de tension pareil, on les comprend).
Je crois que j’ai aimé ce roman car Hella S. Haasse a su créer un univers en y apportant sa voix. Elle sait y emmener son lecteur. En tout cas, elle m’a emporté dans cette famille et cette maison comme Festen m’avait emporté.
D’autre avis
Ceux de Saphoo, de Malice et de Claudialucia.
Références
Un long week-end dans les Ardennes de Hella S. HAASSE – roman traduit du néerlandais par Annie Kroon (Actes Sud / Babel, 2006)
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