Présentation des éditeurs
Malgré l’expérience qui est la sienne dans le traitement des traumatismes, Charlie Weir, psychiatre new-yorkais reconnu, n’a pas réussi à dépasser la culpabilité qui le ronge depuis le tragique échec thérapeutique [il soignait le frère de sa femme qui revenait du Vietnam et celui-ci s’est suicidé] qui l’a éloigné de sa femme et de sa fille, sept ans auparavant. Entièrement voué à son travail, Charlie n’entretient plus guère de relations qu’avec sa mère, figure dépressive et funeste dont il n’a jamais vraiment cessé de subir l’ascendant – à la différence de son frère, Walt, fringant artiste peintre à qui tout semble réussir.
L’idylle insolite que Charlie vient un jour à nouer avec la très instable et sulfureuse Nora [qui est complètement névrosée] et la relation, exclusivement sexuelle, qu’il prend le risque de recréer avec son ex-femme font progressivement remonter en lui des angoisses dont il voulait se croire à jamais débarrassé. Déchiré entre deux femmes, assiégé par les spectres d’un passé opaque, le psychiatre naguère clairvoyant assiste, impuissant, à l’altération de ses processus mentaux, peinant à identifier son traumatisme personnel jusqu’à l’explicite et cruelle réactivation de celui-ci…
Sur les tensions qui déchirent toute cellule familiale, sur les falsifications de la mémoire, sur la psyché lorsqu’elle se mue en chaos et sur le retour du refoulé jusqu’à la dépossession de soi, Patrick McGrath donne ici un puissant roman où un personnage commente lui-même, impitoyablement, sa propre destruction.
Mon avis
Note à moi-même : ne jamais sortir avec un psychiatre !
C’est Lewerentz qui m’avait conseillé de lire Patrick McGrath (avec L’asile mais lui il est toujours dans ma PAL) et elle avait raison. Comme d’habitude ! J’ai tourné les pages avidement.
C’est très particulier car les personnages ont des vies plus que compliqué et des passés très très lourds. Charlie vient de perdre sa mère adorée par lui (enfin, il s’en occupait parce qu’il pensait être le seul habiliter à le faire ; il faut dire qu’elle était dépressive et alcoolique). Il a besoin de réconfort. Son ex-femme (qui est marié à un beau pompier solide et qui reproche à Charlie le suicide de son frère) décide de recoucher avec lui dans le plus grand secret (je ne sais pas ce qui est le plus bizarre : l’ex-femme et sa conduite inappropriée dans ce genre de période (parce que c’est elle qui décide tout de même, ce n’est pas lui qui lui saute dessus) ou lui qui trouve cela normal). Son frère, qu’il déteste (cela ressemble plutôt à de la jalousie), lui présente une fille mais pense au coup monté mais elle devient sa petite amie (en même temps qu’il couche avec l’ex-femme). Là-dessus, il repense à son père qui a laissé tombé Charlie, Walt et leur mère quand les garçons étaient ados. Il repense à Charlie le frère de l’ex-femme. Je trouve qu’on deviendrait parano a moins que ça !
Pendant tout le livre, c’est Charlie le narrateur. Il essaye d’aider tout le monde et du coup, il analyse tout le monde et ne se laisse jamais parler. Imaginez : ils se disputent avec Nora, qui est névrosée (traumatisme dans la petite enfance ou homme qui l’a déçu). Ils ne vont pas avoir une vraie dispute car Charlie va se demander ce qu’il doit faire par rapport à ce qu’elle attend et va donc forcément chercher à comprendre le conflit et à l’atténuer. Je ne sais pas si je me suis bien fait comprendre mais l’idée c’est que ce n’est pas franc comme relation. Toute sa colère a lui est rentré et du coup il y a frustration. Du coup, il revit les situations qu’il vivait avec sa mère, qui vient de mourir. Je vous dis qu’on finirait fou à moins que ça.
Au final, on va savoir tout sur les autres personnages et finalement, on les comprendra un peu (Nora reste une énigme pour moi) et Charlie pas du tout. Les autres personnages diront sa solitude, le fait qu’il ne parle pas, qu’il ne se confie pas … On ne le voit pas chuter, on ne voit pas tout de suite que quelque chose lui manque pour continuer sa vie après la mort de sa mère. Quand on s’en aperçoit, il est déjà trop tard, Charlie a déjà commencé sa chute. La révélation de son traumatisme d’enfance est perplexifiante car on s’imagine les pires choses et Patrick McGrath, le psy, nous propose un dénouement plausible.
Vous l’aurez compris, j’ai admiré les personnages et surtout surtout la construction où on ne se rend pas vraiment compte de ce qui se passe.
Références
Trauma de Patrick McGRATH – roman traduit de l’américain par Jocelyn Dupont (Actes Sud, 2011)
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