Quatrième de couverture
[J’avoue, je n’ai pas compris en quoi cela peut donner envie de lire la pièce …]
La tragédie d’ »une fille assassinée par un père qui trouve plus de prix à sa vertu qu’à sa vie », à laquelle Lessing pensait d’abord, est devenue au cours des années, un tableau de groupe, le tête-à-tête tragique d hommes et de femmes qui croient encore s’aimer, se haïr, exercer les uns sur les autres leur puissance ou leur fascination, mais qui séparés par leurs conditions, ne peuvent plus dialoguer, ni trouver un accord entre eux, pour le meilleur ou pour le pire, comme c’était le cas dans la tragédie d’antan.
Mon avis
Il y a seulement une semaine, Lessing n’était qu’un nom pour moi. Je savais qu’il était allemand mais sa période, ce qu’il écrivait aucune idée (il faut dire que je n’ai fait que des études scientifiques et d’après ce que j’ai lu, cela justifie une sorte d’inculture littéraire).
Mais le livre audio du livre de Bernhard Schlink, Le liseur, était heureusement là (c’est un livre que je n’ai jamais réussi à lire sur le papier et je peux vous dire que là, j’étais attentive de bout en bout et j’ai trouvé cela magnifique). Pour ceux qui l’ont lu, vu, écouté, vous vous rappelé sûrement que des titres sont cités : Intrigue et amour de Schiller, Scènes de la vie d’un propre à rien et Emilia Galotti ! Je me le suis donc procurée et je l’ai donc lu. Et à chaque fois, je me dis la même chose : pourquoi est-ce que je ne lis pas plus de théâtre alors que j’adore ça à chaque fois !
Parlons de l’histoire maintenant. Faites attention, j’en raconte beaucoup (même si la quatrième de couverture s’en est chargée avant moi). Emilia Galotti, jeune fille très pieuse et vertueuse, va se marier aujourd’hui même avec le Comte Appiani. Les fiançailles ont été tenues secrètes mais les parents d’Emilia, Odoardo et Claudia, se réjouissent car le jeune homme a tout du prince charmant : gentil, vertueux, riche … Mais c’est sans compter sur le prince de Guastalla, Hettore Gonzaga, qui a repéré la jolie Emilia. Il n’est pas à son coup d’essai : il était avant l’amant de la Comtesse Orsina, dont il s’est lassée (la maîtresse délaissée jouera un rôle dans la pièce). Ce qu’il y a à retenir, c’est que le prince obtient toujours ce qu’il désire qu’elle que soit le moyen. Il essaye la gentillesse avec Emilia (c’est déjà trop avec le pauvre Odoardo, l’homme le plus vertueux au monde) mais cela ne marche pas. Il charge Marinelli, son chambellan, d’enlever la jeune fille avant la noce. Elle sera amenée au prince. Dans la peur du déshonneur, Odoardo tuera sa fille d’où la phrase de la quatrième de couverture.
D’après la préface, il s’agit de la troisième version de la pièce, les deux autres ne nous étant pas parvenues. C’est basée sur un fait racontée par Tite-Live. Lessing voulait écrire une pièce entre la tragédie et la comédie. Il y a réussi par le dénouement bien évidemment mais aussi par les intrigues qui ressemblent plutôt à une bonne farce. Les dialogues sont enlevés et drôles souvent (il parle de « petits crimes » quand ils tuent des gens), tragiques parfois. Le seul reproche que je pourrais faire c’est que c’est trop court. J’aurais aimé que Emilia intervienne plus mais le problème c’est que le côté comédie (tenu par le prince et Marinelli) aurait alors été gommé.
En tout cas, si vous avez d’autres pièces de Lessing à me conseiller, n’hésitez pas !
Références
Emilia Galotti de Gotthold Ephraïm LESSING – traduction et préface de Bernard Dort (Circé / Théâtre, 2008)
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