Encore une fois, je débarque de ma planète. Vous allez me dire qu’il faut mieux débarquer de la sienne que de celle d’un autre et je ne pourrais que vous donnez raison même si je ne suis pas vraiment sûre de comprendre ce que cela veut dire.
On a déjà essayé de me faire lire Isaac Asimov mais de part mon côté lectrice snob (entendez lectrice qui ne comprend pas la science-fiction), je n’ai jamais ouvert le livre que l’on m’a offert. Mais l’autre jour en fouillant dans une bibliographie holmésienne, je tombe sur la nouvelle dont je vais vous parler.
Je ne connaissais pas moi ces veufs noirs mais cela m’a l’air terriblement bien. La couverture de l’édition omnibus (qui est le seul livre encore édité qui contienne la nouvelle dont je vais vous parler – je m’entraîne à faire du teasing désolée) présente ce club de manière tout à fait alléchante à mon cerveau :
Les Veufs Noirs, ce sont six hommes, ni veufs, ni forcément célibataires, qui se réunissent pour manger, boire , bavarder … et résoudre les énigmes que vient leur présenter leur invité. En marge de l’immense œuvre de science-fiction qui l’a consacré, Isaac Asimov a lorgné du côté d’Hercule Poirot et de ses « petites cellules grises » pour concocter ces soixante bijoux d’astuce et d’humour.
C’est juste fascinant, non ? Dans cette nouvelle (nous y venons enfin), les veufs noirs reçoivent un candidat au BSI (Baker Street Irregulars, la société Sherlock Holmes de New York) qui doit absolument écrire un article d’holmésologie, c’est-à-dire une étude poussée du canon (qui vise à expliquer chaque micro-détails du texte). Il a déjà l’idée. Vous savez sûrement que Moriarty était un grand mathématicien (d’où mes regards méfiants à tous mes collègues, parce qu’ils ont tous l’air de génie du crime je vous l’assure), que sa thèse portait sur le binôme de Newton (chose que je n’ai jamais comprise car je pensais que Newton avait réglé le soucis mais d’après un autre livre que j’ai lu, Watson et Holmes de June Thomson, il aurait réussi à démontrer une formule pour toute puissance, ce qui me laisse dubitative car le triangle de Pascal dans ce cas-là (ainsi que les combinaisons et les factorielles d’ailleurs) je ne sais pas les écrire et je ne vois pas trop comment il a pu généraliser la formule)(quatre lignes de maths dans un article de lecture cela fait peur). Moriarty a aussi commis un autre traité : La dynamique d’un astéroïde qui ne nous est pas parvenu mais qu’à la l’époque personne n’avait compris mais tout le monde pensait que c’était brillant (comme beaucoup de choses en maths d’ailleurs).
Tout le diner va être sur ce que contenait ce fameux traité et je peux vous dire que à partir de mes faibles connaissances de la relativité, des lois de Kepler et de Newton, j’ai trouvé que tout était très bien documenté et surtout expliqué. Les Veufs Noirs font preuve d’une maîtrise de raisonnement fascinante. Leur repas ressemble à un brain-storming de génies et cela en est même stimulant pour le lecteur. Je ressors enchantée de cette lecture et franchement, j’aimerais trop faire partie du club des veufs noirs. C’est le type d’exercice que j’aimerais pouvoir faire mais que je ne peux pas faire parce qu’il faut un temps de réflexion après une remarque de quelqu’un. Ici pas de temps morts et je trouve cela fascinant.
Pour la petite histoire, Isaac Asimov est rentré aux BSI en écrivant un article sur le même sujet. Il n’a pas supporté que seuls les membres des BSI en aient la lecture : il en a fait une nouvelle !
Je peux vous dire que je me suis achetée le recueil d’Omnibus et je ne vais sûrement pas me priver de lire pour comprendre encore mieux cette nouvelle : découvrir quel est le rôle de Henry (qui ici résout le problème tout de même), qui sont ces veufs noirs, leurs caractères … quels sont les autres problèmes qui ont été soumis à leur sagacité …
Pour achever de convaincre Niki (et tous les fans d’Hercule Poirot), je cite une dernière réplique : « Jaime Hercule Poirot. Je pense qu’il vaut une douzaine de Sherlock Holmes« .
Références
Le crime suprême d’Isaac ASIMOV dans le recueil Retour au club des Veufs Noirs lui même dans Les Veufs Noirs (Omnibus, 2010)
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