Quatrième de couverture
Ernest travaille dans le restaurant d’un palace à Giessbach en Suisse. C’est un garçon parfait, aussi strict dans le travail que dans la vie. Mais cette dignité imperturbable cache la blessure jamais guérie de la violente passion qu’il a connue pour Jacob, un garçon parfait comme lui, Jacob qui l’a abandonné pour suivre en Amérique Julius Klinger, le grand écrivain allemand. C’était après 1933 , dans ces années troublées où beaucoup de clients, fuyant l’Allemagne nazie, venaient trouver refuge, avant les rigueurs de l’exil, dans ce luxueux hôtel qui avait si souvent abrité leurs insouciantes villégiatures. Mais rien n’était plus pareil et Sulzer rend palpable la peur obscure qui hante désormais ces salons trop rassurants et tisse avec subtilité les fils des drames intimes et ceux de la tragédie historique. Il faudra la fin de la guerre et le retour de l’exil de Klinger pour que s’affrontent deux mémoires dans l’ultime combat d’une rivalité amoureuse. C’est qui prête au roman une tension dramatique qui va crescendo et tient jusqu’au bout le lecteur en haleine.
Alain Claude Sulzer est né en 1953 et vit à Bâle. Il a publié plusieurs romans. Un garçon parfait est le premier à paraître en français.
Mon avis
J’ai eu envie de ressortir ce livre de ma PAL (pour tout dire, il était déjà dans mes étagères ; je l’avais acheté en plus avant qu’il est le prix médicis c’est pour dire) à la suite de la lecture d’un autre livre.
J’ai tout de suite penser aux Vestiges du jour (le film en tout cas parce que je n’ai pas vu le livre). Il y a cette ambiance feutrée dans un monde en déconfiture, où tout le monde s’inquiète mais personne ne le dit. Là dedans, une seule chose reste immuable Ernest. L’histoire date d’il y a trente et il n’a pas bougé d’un pouce, personne ne sait rien de lui (surtout sa cousine Julie qui le prend pourtant comme confident). Il est comme un meuble au milieu de la vie. On ne peut que le prendre en pitié quand on apprend pourquoi dans le roman. Il a fui sa famille qui ne le comprenait pas à 16 ans et est devenu serveur. Il est arrivé dans cet hôtel plein d’espoir dans sa vie, surtout qu’il avait déjà plus ou moins accompli son rêve. Alors quand Jacob arrive c’est plus ou moins comme un cadeau de la vie, dont il profite pleinement. La chute sera d’autant plus rude. Il ne s’en est d’ailleurs toujours pas remis. Alors quand Jacob écrit une lettre pour qu’il aille voir Klinger pour lui demander de l’argent, on ne peut qu’être en colère contre Jacob. La confrontation Klinger / Ernest est très difficile pourtant Ernest, ce garçon parfait décide d’aider son amour de toujours mais aussi l’amant qui l’a abandonné. Quand Klinger apprend à Ernest ce qui s’est passé en réalité, à l’hôtel mais aussi pendant l’exil en Amérique, j’étais atterrée ! Jacob est encore plus vil que je ne le pensais mais Ernest l’aime toujours … C’est un roman qui se finit mal pourtant.
C’est un roman feutré comme je l’ai dit. Vous tournez les pages doucement pour ne pas déranger. Pourtant, vous tournez les pages parce qu’on ne résiste pas à une telle écriture, qui comme le dit l’éditeur, tient en haleine.
Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé parce que j’ai vibré avec Ernest.
Entre temps, un deuxième livre est sorti aussi chez Jacqueline Chambon Leçons particulières et ces jours-ci sort son troisième roman traduit en français Une autre époque.
Références
Un garçon parfait de Alain Claude SULZER – roman traduit de l’allemand par Johannes Honigmann (Éditions Jacqueline Chambon, 2008)
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