Quatrième de couverture
Gabrielle a dix-sept ans. Elle ne parle plus. Elle écrit : "Je brûlerai ce cahier le jour où j'aurai décidé de reprendre la parole."
Entre son père, Cécile et elle, dans cette maison où rien ne bouge, un long silence s'est appesanti, hanté par le souvenir de la mère disparue. Contre cet enfermement volontaire d'une adolescente de province, les médecins ne sont d'aucun secours. Son père, enfin, se décidera à lui écrire : "Comme tu ne me confies rien, c'est moi qui vais faire le premier pas… "
Dans le journal de Gabrielle aussi bien que dans les lettres du père, l'amour rôde, à tâtons, et se heurte sans cesse à l'épaisseur du silence.
Vingt ans après… Publié peu après la création des éditions Arléa, il y a une vingtaine d'années, gageons que Le silence de Gabrielle saura trouver des lecteurs aussi fervents auprès d'une génération nouvelle.
Mon avis
J'ai pris ce livre à la librairie car j'avais lu Ce que dit Lili suite au billet de Clarabel. Ce livre m'avait particuièrement émue par l'histoire et par l'écriture qui est simple mais sait tellement bien décrire les sentiments humains. On retrouve ici cette écriture si évocatrice dans une histoire très triste. À la suite du décès brutal de la mère, Gabrielle et son père se retrouve dans l'incapacité de se parler, le père ayant un peu "laisser de côté" sa fille pendant qu'elle était adolescente. J'avais les larmes aux yeux à la lecture du journal de Gabrielle ; c'est la partie du texte qui est le plus dans l'émotion (elle a perdue sa mère quand même). Les lettres du père sont plus dans l'explication et le souvenir de la personne disparue. Cette construction du roman est très intéressante : elle mêle journal et lettres mais au contraire d'autres livres, où ces styles auraient été entremêlés, ici ils sont bien séparés. Cela permet de "s'identifier" successivement aux personnages sans changer à chaque chapitre d'un personnage à l'autre.
Je continuerai à suivre cette auteure dans ces prochains romans ; ça c'est sûr !
P.S. : Sophie Avon est chroniqueuse cinéma au Masque et la plume. Si vous voulez entendre sa voix, à vos radios.
La première page
J'ai trouvé l'idée de mettre la première page sur ce blog. Je trouve que c'est un idée plutôt pas mal pour se rendre compte du style de l'auteur (et surtout quand on n'a pas trouvé quel passage du livre il serait bien de citer). Donc voilà :
Mercredi 8 avril
J'ai dix-septans mais j'ai su très tôt que j'étais unique. Pas seulement parce que je suis muette depuis l'été où ma vie chavira ; d'autres, j'imagine, ont bien dû choisir de se taire aussi. Non, je suis unique parce qu'au milieu de la famille qui me reste, parmi mes amis, je ne sais pas me fondre, je suis singulière et inattendue, enrayée comme une mécanique qui battrait la mesure d'un autre monde. Moi, je ne hurle jamais avec les loups ; je ne peux pas, quelque chose me retient toujours, même lorsque je le veux. Je hurle toute seule, parfois pour ne pas mourir. Mon père a tout fait pour m'aider. Dans son regard, j'ai compris que s'il me suppliait de retrouver les gestes et les préoccupations d'une fille de mon âge, il chérissait aussi cet ange ou démon qui s'est glissé en moi et précipite mon existence sage.
Références
Le silence de Gabrielle de Sophie AVON (Arléa, 2009)
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