Après une journée en Belgique, deux jours de maladie, je peux enfin rédiger mon billet sur La vie privée de Sherlock Holmes (il était temps car le billet récapitulatif du mois d’août c’est moi qui le rédige alors si j’étais malade cela n’aurait pas été très bien : j’aurais oublié la moitié des gens).
Parce que c’est un sujet particulièrement important et intéressant, j’ai visionné le film et lu le livre pour mieux comprendre. J’avoue que je ne connaissais pas du tout avant la SSHD et c’est Niki qui a joué les tentatrices. Je ne vous parlerais pas des acteurs, du réalisateur parce que je n’ai absolument aucune idée de ce qu’ils ont fait avant mais comme je pense que vous êtes plus cultivés que moi je vais quand même vous donnez les noms dont ils parlent sur le DVD.
C’est un film de Billy Wilder, daté de 1970. Les acteurs sont les suivants :
- Robert Stephens pour Sherlock Holmes
- Colin Blakely pour le Dr. Watson
- Ireme Handl pour Mrs. Hudson
- Christopher Lee pour Mycroft Holmes (c’est un nom connu de moi cela)
- Genevieve Page dans le rôle de Gabrielle Valladon
- Mollie Maureen dans le rôle de la Reine Victoria.
Vous pouvez voir la tête des acteurs ici. Tout cela vous fait une belle jambe si je ne vous raconte pas l’histoire. Tout commence par la narration mettant en scène Sherlock Holmes, Watson et des femmes. Comme dans les histoires de Arthur Conan Doyle, Watson est très sensible aux charmes sensibles ce qui est beaucoup moins évident chez Sherlock (je parle en euphémisme bien évidemment) alors quand un jour tous les deux reçoivent une invitation pour aller voir Le lac des Cygnes, ils flairent un mauvais coup (on cherche à engager Holmes en lui donnant un pot-de-vin) mais Watson est tellement content qu’ils y vont quand même. Après l’opéra, pendant que Watson est ébloui (et c’est peu de le dire : l’acteur est excellent dans ce rôle là), Sherlock est emmené à part pour voir Madame Petrova. Celle-ci veut que Sherlock parte à Venise avec elle une semaine pour qu’il lui fasse un enfant. Il refuse en prétextant que Watson et lui sont ensemble mais il réussi quand même à récupérer un Stradivarius dans l’histoire. Tout cela n’a rien à voir dans l’histoire (c’est juste un préambule pour nous présenter les personnages). On parle aussi de la drogue …
L’histoire commence dès lors que Gabrielle Valladon est amenée par un cocher, après avoir été repêchée dans la Tamise. Elle a perdu la mémoire mais elle a dans ses affaires (et c’est tout ce qu’elle a) la carte de Sherlock Holmes avec quelque chose d’effacer écrit derrière. Après une nuit de sommeil (et où Sherlock Holmes est à deux doigts de se faire violer par Gabrielle), on sait enfin qui elle est. C’est une jeune femme belge (vous avez vu comme je suis raccord avec la première phrase de mon billet !) qui vient enquêter sur la disparition inquiétante de son mari Emile, ingénieur engagé récemment par la Jonas Limited. Tout cela entraîne Holmes et Watson dans une enquête au bord du Loch Ness et aux portes des secrets d’État. On sait alors que Mycroft n’est jamais loin !
J’ai trouvé la narration palpitante et très intéressante même si la théorie pour le monstre du Loch Ness n’est pas très novatrice (peut être qu’elle l’était dans les années 70, cela je ne peux pas savoir). La relation Watson / Holmes est du style protecteur et personne qui a besoin d’attention mais qui n’a pas envie qu’il soit évident que c’est le cas. Cela rend un Holmes taquin mais un Watson peu sensible à cela : il prend tout au premier degré dans envisage l’humour. J’ai trouvé qu’encore une fois Watson était un peu dénigré notamment quand il est mis en scène dans des situations ridicules : quand il court dans un escalier de leur hôtel 1er classe près du Loch Ness, en criant Holmes, Holmes. Je trouve que cela ne fait pas très anglais tout cela. J’ai regretté les clins d’œil trop évident au milieu du film à la solution de l’énigme.
Tous ces défauts, je les ai vu parce qu’avant j’avais lu le livre La vie privée de Sherlock Holmes de Michael et Mollie Hardwick car je pensais que le film avait été adapté à partir du livre mais en fait pas du tout. Il s’agit de la novélisation du livre mais pas par n’importe qui. Michael Hardwick est un holmésien très connu (j’ai un de ses livres encore dans ma PAL). Pour reprendre un peu la bibliographie citée dans l’excellent Dictionnaire des littératures policières, dirigé par Claude Mesplède, Michael Hardwick a écrit des études sur le Canon (notamment le Guide complet de Sherlock Holmes), des pastiches (notamment celui-ci et Sherlock Holmes et le prisonnier de l’île du Diable mais aussi une histoire racontée du point de vue de Mme Hudson (il y a aussi Sydney Hosier qui a écrit toute une série sur le même sujet), Revenge of the Hound, Sherlock Holmes, My Life and Crimes) mais aussi des adaptations théâtrales du Canon.
Je peux vous dire que le livre est excellent. On prend autant de plaisir à le lire que lui (et sa femme) à le faire. Toutes les incohérences par rapport au canon, les situations ridicules, les scènes un peu trop explicites sont gommées, ou corrigées, ou annotées pour que l’histoire soit la plus authentique possible. La relation Watson / Holmes est plus fraternel qu’autre chose. Les deux personnages ont un humour extraordinaire : on ne peut s’empêcher de sourire ! J’aimerais que touts les pastiches envisagent Watson et Holmes de cette manière. Dans le film, à cause d’une certaine retenue et d’une certaine froideur des acteurs, on ne sent pas de réelle complicité ou de réelle amitié. Le côté curieux de Watson est aussi amplifié (il veut tout savoir pour raconter). Il va vivre toute l’action (sur l’invite de Holmes ce qui n’est pas du tout le cas dans le film). Cela me semble plus cohérent avec le canon.
Si vous avez aimé le film (qui est très bon), vous aimerez le livre (qui lui est excellent et génialissime).
Références
La vie privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder (MGM DVD, 2004)
La vie privée de Sherlock Holmes de Michael et Mollie HARDWICK – traduit de l’anglais par France-Marie Watkins (Le Masque – Les Maîtres du roman policier, 1997)
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