Quatrième de couverture
Scandalisés par l’idiot du village, le maire de
Chester et son adjoint conspirent sa mort. Un matin de printemps, les
deux hommes l’enlèvent et vont le jeter dans un puits. Or, au bout de
trois jours, l’idiot se remet à crier du fond de sa fosse.
« Un
village comme ici c’est pas une place pour les intrigues », mettent en
garde les habitants de Chester. Dès les premières pages du Discours sur
la tombe de l’idiot, le lecteur connaît tous les éléments du crime qui
vient troubler ce village sans histoire. L’intrigue policière ainsi
jugulée, le roman repose principalement sur le génie de l’accusation et
du leurre, c’est-à-dire sur les efforts déployés par le maire afin de
désigner un coupable et ce, tout en s’assurant le silence de son
complice qui menace de s’effondrer sous le poids du remords. Parmi les
divers lièvres lancés afin de faire diversion se trouve le coupable
idéal — Paul Barabé, un nouvel ouvrier venu se refaire à la campagne
dont l’arrivée à la ferme des Fouquet coïncide avec la disparition de
l’idiot et une autre sinistre découverte.Si
le roman possède une « essence policière » incontestable, il s’agit
d’abord et avant tout d’un roman de la culpabilité. Tout en s’attachant
au sort de Paul Barabé, le récit présente l’histoire de Chester
« saisie du dedans » : une histoire commune non pas appréhendée dans la
perspective rassurante des intentions et des actes, mais une histoire
se rapportant plutôt aux faits principaux qui accablent ce village sans
idiot. Ses tableaux consécutifs adoptent le mode vertigineux de la
rumeur : leur cohérence surgit du désordre et de la fulgurance des
images, leur logique interne place les villageois de Chester sous une
lumière inquiétante. Comme si le narrateur lui-même ne pouvait se
résoudre à faire du maire et de son adjoint les seuls coupables de leur
crime.
Mon avis
J'ai eu envie de lire ce livre grâce à l'avis de Dominique (que je remercie pour cette lecture) et quelque temps après j'ai vu l'émission Un livre, Un jour consacrée à ce livre : cela m'a remis ce livre en mémoire. Et heureusement ! C'est l'histoire d'un petite village québécois. Il y a un idiot du village qui gêne tout le monde surtout le maire. Celui-ci décide de tuer l'idiot du village pour pouvoir accueillir un ministre de manière sereine lors de la fête populaire du village. Il entraîne son adjoint dans ce meurtre. Chacun des deux protagonistes réagit différemment : le maire n'a aucun remords alors que l'adjoint en est bourré. Il y a des symptômes psychologiques mais aussi physiques. Les autres habitants se demandent qui a bien pu faire disparaître l'idiot. Ce qui est bien, c'est qu'au même moment on retrouve un corps de femme dans un fossé et surtout, il y a un étranger qui vient d'arriver au village, Paul Barabé. En réalité, il y aussi une famille mais eux ce n'est pas pareil parce que c'est une famille. Lui est tout seul. Il n'y a besoin que de ça pour faire partir la rumeur.
Comme l'auteure le dit dans Un livre, un jour, elle a donné plus à voir qu'à savoir : tout n'est pas éclairci à la fin du livre. Il y a plein de choses que l'on peut interpréter à notre façon. L'écriture de Julie Mazzieri nous met à l'extérieur du roman (nous aussi nous sommes étrangers) : on ne peut pas partager l'émotion des villageois, seulement les observer un par un. Curieusement, les protagonistes sont rarement ensemble à part peut-être Paul Barabé qui joue le moteur du livre. Pour ilustrer son écriture, je vous mets le premier paragraphe :
"En plein jour. Ils l’ont jeté dans un puits de
l’autre côté du village. Ils l’ont pris par les jambes et l’ont fait
basculer comme une poche de blé. En comptant un, deux, trois. Le maire
et son adjoint. Quelques jours plus tôt, les deux hommes étaient restés
à la mairie après la levée de l’assemblée. Ils n’avaient pas pris la
peine de s’asseoir.Ils avaient
défait le noeud de leur cravate et avaient parlé dans l’embrasure de la
porte. Il n’y avait pas eu de véritable silence. Le cou du maire était
rouge, presque violacé. Il avait parlé le premier."
Un très bon premier roman sur la rumeur et les remords. Il m'a fait penser aux Ruptures de Gisèle Fournier pour le thème "les étrangers dans un village ne sont pas forcément bienvenue" et à deux romans récents (que je n'ai pas lu malheureusement mais dont j'ai entendu beaucoup parler) : Un juif pour l'exemple de Jacques Chessex et Mangez-le si vous voulez de Jean Teulé pour le thème "tuons ceux qui nous dérangent".
D'autres avis
Les avis de Dominique, de Lousia (qui n'a pas aimé), de Yv, de Benoît Broyart…
La vidéo d'Un livre, un jour consacrée à ce roman.
Références
Le discours sur la tombe de l'idiot de Julie MAZZIERI (José Corti, Domaine français)
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