Le 8 juillet, nous avons pris avec mon frère notre voiture non climatisée, sous un soleil de plomb (38 degrés au thermomètre de la voiture), pour nous rendre à Milly-la-forêt. Pourquoi me direz-vous ? Pour aller voir la maison de Jean Cocteau qui a ouvert ces portes le 24 juin. Enfin ! J’attendais ça depuis au moins quatre ans.
Après cinquante kilomètres, tout dégoulinant de sueur (nous avons une sorte de classe innée dans la famille) nous arrivons à nous garer dans une allée ombragée et ouvrons la bouteille d’eau que nous avons eu la bonne idée de prendre. Mais j’y pense vous ne savez peut être pas où est Milly-la-Forêt. C’est en Ile-de-France, au sud-Est de Paris, à une dizaine de kilomètres de Fontainbleau (à une soixante de kilomètres de Paris), Barbizon (là où il y a plein de peintres) et pas très loin du moulin de Dannemois, si ça peut en aider certains.
Toutes les photos (de mon frère) sont cliquables dans ce billet.
Nous descendons de voiture et nous marchons un peu. La première chose pour vous situer c’est de repérer le château de la Bonde (l’avantage d’avoir ce temps là c’est que le ciel est beau sur les photos).
Quand vous regardez le château, il faut aller sur votre gauche, tournez à droite, puis prendre la première à droite. Là vous vous retrouvez dans une toute petite rue en impasse, pavée (c’est la vue en revenant de la maison que je vous ai mis ne vous inquiétez pas). D’après les explications du guide (que je me suis honteusement offert à la fin de la visite), Jean Cocteau a acheté cette maison en 1947 et l’a occupé jusqu’à sa mort en 1963. Elle occupe la « partie noble » de l’ancien corps de logis des dépendances du château (maison du Bailli). La propriété comprend aussi un très beau jardin et un bois que nous visiterons après.
La maison qui bouche la rue, tout au fond de l’impasse, c’est la maison de Jean Cocteau. Vous ne comprenez pas par où rentrez, c’est normal. Continuez cependant à avancer. À gauche, une porte ouverte c’est le guichet d’entrée. Une fois votre entrée acquitée, vous prenez une petite passerelle qui vous mène à l’entrée de la maison. Première impression, il fait frais, l’atmosphère est agréable. En prenant à gauche, on aperçoit des photos intimes de Jean Cocteau et d’Édouard Dermit (qui est très beau). Personnellement, je ne connaissais pas ce Monsieur. Je reprends donc là aussi les informations du guide. Édouard Dermit rencontre Cocteau en 1947. Il est engagé assez rapidement en tant que jardinier pour la maison de Milly dont il devient le régisseur. Puis il sera le compagnon de Jean Cocteau (j’avoue ne pas avoir compris où Jean Marais était dans cette histoire). Je pensais qu’il en était resté là mais pas du tout. Car, si j’ai bien compris en 1949, il a été acteur dans au moins un film Les enfants terribles avec Nicole Stéphane (il y a une photo au premier étage). Édouard Dermit héritera de la maison en 1963 à la mort de Cocteau puis il se mariera et aura deux fils. Il habitera la maison jusqu’en 1995, date de sa mort. Il maintient intact le grand salon, le bureau et la chambre que l’on visite aujourd’hui.
Comme je vous l’ai déjà dit je ne suis pas du tout cinéphile. Je n’ai jamais vu un seul film avec Jean Marais, ou de Jean Cocteau et encore moins avec Édouard Dermit. Pour moi, Jean Cocteau c’est La machine infernale que j’avais lu à l’école, qui m’avait énormément plu (c’est assez rare pour être souligné) et dont la couverture était de l’auteur. Dès la première salle, j’ai donc trouvé qu’on rencontrait l’homme et pas le personnage publique (c’est ce que je recherche quand je visite une maison d’écrivains). Il y avait donc des photos de moments heureux, les dessins de Cocteau très reconnaissables mais aussi une magnifique lettre à sa mère.
Dans la pièce suivante, c’est donc le grand salon qui nous est présenté.
Comme vous vous en rendez compte, on peut le voir facilement travailler dans cette pièce même si on se doute qu’il n’y avait pas de passage pour les visiteurs … Puis vous montez à l’étage où nous attendent deux autres pièces reconstituées : la chambre et le bureau avec le fameux papier peint en léopard.
Vous avez alors terminé la visite des pièces reconstituées et vous passez à une partie musée. J’ai trouvé que c’était moins intéressant (mais c’est mon goût personnel car il y avait plein de personnes de l’âge de mon père et un peu plus vieux qui regardaient tout avec beaucoup d’intérêt). On rappelle toutes les différentes facettes de l’artiste : les films, le théâtre, le dessin, l’écriture.
Puis vous passez à une salle absolument magnifique : des portraits de Jean Cocteau, plus ou moins jeune, par d’autres artistes, notamment Andy Warhol et Man Ray. Le portrait de Man Ray est très très touchant. Vous pouvez regarder ensuite des manuscrits exposés. Puis vous descendez un escalier mais avant Jean Cocteau vous regarde une dernière fois. En effet, un écran blanc est suspendu au dessus de l’escalier et nous montre un petit film, visiblement tourné à Milly-la-Forêt et qui montre une scène très « poétique » a rebours. Cela m’a donné l’impression de voir un film de famille.
De retour au rez-de-chaussée, vous pouvez assister à une autre projection puis sortir dans le jardin.
Il n’y a plus le lierre sur la façade comme au temps de Jean Cocteau. On accède ensuite au jardin. Le problème du jardin est qu’il est neuf, donc un peu nu. Les plantes sont jeunes donc sans fleur, ni trop de feuillage. En plus le jour où on y est allé, elles avaient soif (un peu comme nous d’ailleurs). Le bois est aussi en cours d’aménagement. Il faudra y revenir dans quelques années. Après tout ça, mon frère m’a dit, il fait chaud, on ne se promène pas dans un jardin où il n’y a pas d’ombres.
Nous voilà sorti de la maison pour aller à pied, sur les indications du guichetier, à la chapelle Sainte-Blaise-des-Simples, où sont enterrés Jean Cocteau et Édouard Dermit (la chapelle contient uniquement leurs deux corps et est donc toute petite). La première surprise est que c’était à au moins un kilomètre et demi (après il a fallu revenir) en plein soleil (sans eau que nous avions laissé dans la voiture ; l’appareil était en surchauffe). Puis une fois arrivé, nous avons découvert avec mon frère ce qu’était des simples. Ce sont des plantes !
C’est aussi un motif qu’a repris Jean Cocteau pour décorer l’intérieur (en plus de la scène de la résurrection). Puis être revenu à la voiture, bu toute l’eau, nous avons refait cinquante kilomètres pour retourner dans notre banlieue.
Vous l’aurez compris cette balade m’a beaucoup plu même si elle m’a laissé parfois sur ma faim. J’aurais aimé en voir plus (c’est assez bon signe car je me dis la même chose quand je visite la maison d’Elsa Triolet de de Louis Aragon). Je retournerais voir ce petit havre de paix quand je connaîtrais un peu mieux Cocteau : ses livres, ses films et son théâtre. Je suis sûre qu’alors tout m’apparaîtra parfait !
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