Encore un livre tiré de ma PAL. Pour l’instant, j’ai découvert plein de livres qui me font passer d’excellents moments de lecture, pour seulement quelques livres pas vraiment à mon goût. C’est bon signe pour ma capacité à acheter les livres qui me correspondent.
Ce livre-ci fait partie de la partie de la première catégorie. Pas parce que l’histoire est extraordinaire, pas franchement l’écriture (vu que c’est en anglais, mon critère est simplement que je puisse comprendre l’histoire), mais par la capacité de l’auteur à vous immerger dans une histoire, dans un environnement qui n’a absolument rien à voir avec votre quotidien. Jugez plutôt.
Le narrateur, et un des personnages principaux est Nathan, la petite trentaine, professeur sur la côte Est des États-Unis. Il a emménagé dans la maison de son enfance, après le décès de son père. Il a une vie plutôt tranquille ; il a mis sa vie amoureuse et sexuelle de côté, après ses études où il en a plutôt bien profité. Il n’aspire dorénavant qu’à une chose : le calme. C’est loupé, puisque son jeune frère Tommy lui annonce venir avec son petit-ami Philip et un couple d’amis Camille et Kyle.
Les deux frères sont homosexuels, mais vivent leur sexualité de manière totalement différente. Là où Nathan a tout mis entre parenthèses, Tommy est lui très expansif, voire un peu exhibitionniste. Il assume totalement changer régulièrement de partenaires, en annonçant tout aussi régulièrement avoir trouvé le grand amour. Philip, le nouvel amoureux donc, est persuadé avoir réussi à le changer et être enfin le seul et l’unique pour la vie entière. Nathan reste sceptique, et n’accueille pas Philip dans les règles d’hospitalité les plus strictes. Camille et Kyle forment un couple complètement dysfonctionnel. Après quelques mois de mariage, elle s’est bien rendu compte que son mari était plus attiré par les hommes, que par sa jeune épouse. La chose devient encore plus visible, quand son regard se tourne de plus en plus vers Nathan, qui lui s’est pris d’amitié pour Camille, qui lui semble être la seule personne censée du lot.
La vie de Nathan est encore plus perturbée quand la voisine, avec des archéologues, décide de creuser son jardin à lui, pour trouver un vieux cimetière indien. À cette compagnie s’ajoute Simon, jeune élève de Nathan, battu par son père (district attorney tout de même). Simon, qui vient d’arriver en ville, n’a pas vraiment d’amis et commence à passer beaucoup de temps chez Nathan. Tout cela va former un cocktail explosif, et qui va remémorer aux deux frères leur enfance.
Pour donner une idée du passé des deux frères, je vais faire un petit peu de spoilers (mais pas trop, le livre étant bien plus que cela tout de même), car je pense que ce sont des thèmes qui peuvent être difficiles pour certaines personnes. Leur mère est décédée dans un restaurant, après s’être étouffée avec de la nourriture. Le père, inconsolable, est devenu assez violent avec ses deux fils, se faisant ainsi haïr par les deux. Tommy et Nathan ont commencé à entretenir une relation incestueuse qui n’a jamais été découverte par qui que ce soit, et dont ils n’ont jamais réellement parlé ensemble. L’auteur va nous faire découvrir ce passé par petites réminiscences, quelques paragraphes à l’intérieur du moment présent. Le fait que les deux frères soient réunis après quelques années de séparation, dans un climat tendu, va les pousser à relire leurs souvenirs d’enfance : un a des souvenirs uniquement négatifs du père, alors que l’autre arrive à trouver des choses positives. Les voisins et amis vont aussi les aider à comprendre leur père sur des choses où les frères étaient trop petits pour comprendre. Sur la relation incestueuse, il reste cependant une sorte de non-dit tout au long du roman. Le lecteur apprend très vite de la bouche de Nathan ce qu’il s’est passé, mais Nathan et Tommy ne parlent de rien, n’agissent pas, comme si tout cela était un passé oublié ou assimilé. C’est seulement à la toute fin que cela va ressurgir comme une claque. Par contre, je préviens aussi la fin est absolument tragique, à vous faire pleurer.
Donc comme je le disais au début, ce roman c’est des personnages avec qui je n’ai rien en commun, une histoire qui peut, au début, paraître invraisemblable (mais l’auteur la rend crédible grâce justement à des personnages très étoffés), et qui ne correspond à rien dans mon quotidien. Pourtant, malgré le bruit des chantiers, le moral dans les chaussettes à cause du travail, c’est le seul roman que j’ai pu lire, en étant complètement immergé dedans. J’avais toujours envie d’y revenir, de continuer à vivre avec eux (un peu comme Simon en fait), tellement les personnages peuvent paraître réels. Ce n’est pourtant pas un feel-good book. Je vous le conseille donc : c’est une lecture facile en anglais, et le roman est vraiment bon je trouve.
Références
The Brothers Bishop de Bart YATES (Kensington Books, 2005)
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