J’ai trouvé ce livre par hasard à la bibliothèque de l’institut Goethe. Je l’ai emprunté en me fiant au résumé.
On suit une jeune adolescente, habitant en RDA. Elle part pour les vacances, une semaine, au sport d’hiver chez son oncle et sa tante (du côté maternel). Elle est contente de partir, ou plus exactement soulagée, car l’ambiance chez elle n’est pas au beau fixe. Cela dure depuis assez longtemps mais elle ne saurait pas dater le changement d’humeur de la maison. En effet, elle se rappelle bien que quand elle était petite, sa mère riait, son père était toujours partant et jamais aussi fatigué que maintenant, ses deux sœurs étaient à la maison mettant un peu plus d’ambiance avec leurs sorties, leurs maquillages, leurs histoires de fille (en gros). Elle se rappelle qu’elles la prenaient dans les bras pour lui faire des bisous alors qu’elle n’aimait pas cela. Mais c’est une ancienne époque, tout a changé aujourd’hui : sa mère râle tout le temps après la seule fille qui lui reste à la maison, elle est tout le temps très fatiguée, son père également (pour la fatigue, il n’est pas démonstratif mais porte une certaine affection à sa fille tout de même), les sœurs ne viennent pratiquement plus à la maison, les cousines non plus d’ailleurs (elle ne se rappelle même pas quelle relation elle a avec elles).
C’est dans cette ambiance et dans cette incompréhension qu’elle part en vacances au ski. Elle n’est pas très emballée, même si son oncle blague tout le temps (cela promet donc une meilleure ambiance). Elle n’arrive pas à s’intégrer. Son oncle pense que cela vient du fait qu’elle vient de la ville et n’a pas l’habitude d’une telle vie. En réalité, c’est qu’elle reste sur son incompréhension de sa situation familiale. Elle va saisir l’occasion de ce séjour pour savoir ce qu’il s’est passé et découvrir ainsi le « secret de famille », qui lui avait échappé, et peut être retrouvée un peu de sérénité.
L’intrigue sonne classique comme cela. Comme la quatrième de couverture, ce qui fait la particularité du livre est sa narration. La jeune fille n’a pas de sentiments (ou vraiment très peu et elles ne sont pas notables) mais que des sensations. On vit sa vie au travers des sons, des bruits, des voix, de sa perception de la chaleur et du froid (à la montagne mais aussi dans l’appartement par exemple), du goût des aliments … Cela m’a donné l’impression qu’elle était un peu « autiste », dans le sens où elle se centre sur elle-même et ne prend pas en compte les autres qui ne sont vus que comme des perturbations extérieures (elle avait déjà cette tendance quand elle était petite ; cela ne vient pas de la situation). C’est très intéressant à lire car on ressent physiquement la solitude de la narratrice. Comme celle-ci se base uniquement sur ses sensations, les deux périodes (l’avant et l’après du secret familial) ne sont pas racontées de manière linéaire. On passe d’une époque à l’autre, par une sensation identique (un peu comme une madeleine de Proust en fait). La plupart du temps, j’ai apprécié cette manière de faire, ces associations d’idées, les transitions diffuses qui sont ainsi utilisées. Par contre, plusieurs fois, cela m’a dérouté mais pas longtemps au point de perdre l’envie de continuer le livre.
Une bonne découverte donc ! Elle a publié, depuis ce premier roman, deux autres ouvrages qui ne sont pas encore traduits en français.
Références
Un lit de neige de Roswitha HARING – traduit de l’allemand par Nicole Roethel (Christian Bourgois, 2005)
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