Cecile's Blog

Solovki – La bibliothèque perdue de Jean-Luc Bertini et Olivier Rolin

SolovkiJeanLucBertiniCette semaine, j’ai vu le documentaire d’Olivier Rolin sur la bibliothèque disparue du goulag des îles Solovki. J’ai énormément aimé son travail car il montre d’un point de vue original ce qu’était le goulag à l’époque, l’évolution de ce camp, la vie des déportés… Les images du temps présent m’ont transporté ailleurs pendant une heure. C’est donc en toute logique que j’ai voulu prolongé ce moment en lisant ce livre.

C’est un fascicule de photos prises par Jean-Luc Bertini, qui accompagnait l’équipe lors du tournage du documentaire. Les photos sont accompagnées d’un texte d’Olivier Rolin, qui reprend une partie du texte du film. C’est l’impression que cela m’a donné en tout cas après avoir enchaîné le visionnage et la lecture. Je n’ai pas vérifié exactement.

Iles-Solovki
Source : voyages.ideoz.fr

En toute logique, le livre commence donc aux îles Solovki, au milieu de la mer blanche. La première photo représente la ville qui s’est installée en partie dans des bâtiments de l’ancien camp. Quand on pense aux îles Solovki, vient tout de suite à l’esprit le camp, puis le monastère (ici on parle plutôt de monastère-forteresse – de kremlin qui est le mot russe pour désigner ce genre , qui est aujourd’hui de nouveau occupé par des religieux. C’est donc la deuxième photo du fascicule, un moine marchant, seul, dans la cour enneigée du monastère. Le tiers du livre représente la vie sur l’île principale des Solovki.

Il y a une photo qui est particulièrement magnifique. Elle représente la forêt, avec une étendue de neige au premier plan, le tout vue du monastère. L’ombre du bâtiment se projette sur la neige. La lumière est plutôt crépusculaire. Cela donne une impression d’immensité et d’éternité. Je n’ose imaginer ce que cette photo donne en grand format. En passant, je précise qu’il y aura une exposition en Suisse, à la fondation Jan Michalski, du 1er au 30 avril 2015, qui présentera ces photos.

 Si vous avez vu le documentaire, vous savez que la bibliothèque qui comptait environ 30000 ouvrages, allant de romans aux livres scientifiques, ne se trouvait plus aux îles Solovki. Le but d’Olivier Rolin était d’en trouver des traces quelque part car de si nombreux volumes n’ont pu disparaître. Dans le documentaire, il suit donc plusieurs pistes, en sachant que finalement les livres ont suivi les prisonniers qui étaient envoyés sur les grands chantiers soviétiques. Quelques volumes sont sauvegardés à Iertsevo, qui était « la capitale d’un grand complexe de camps connu comme le Kargopollag, le camp de Kargopol ».

Le photographe a donc suivi le tournage. Les deux derniers tiers du livre présentent plutôt des photos de personnes dans des gares, devant des magasins, dans la rue. Comme le dit Olivier Rolin, il s’agit d’instantané de voyage. Le photographe présente ici un portrait de la Russie actuelle, et surtout des Russes.

Il y a plusieurs types de photos :

  • des portraits, avec des personnes au regard toujours très fort ;
  • des personnes, prise seule dans des actions quotidiennes, ou dans leurs pensées ;
  • des scènes de vie. J’ai particulièrement apprécié la photo représentant deux vieilles femmes dans une gare enneigée, avec le même manteau bordeaux, se regardant mi-amusée, mi-intriguée. On a l’impression qu’elle se demande comment est-il possible qu’elles aient le même manteau. Franchement ?

J’ai adoré ce fascicule. Je n’ai pas trouvé ce que j’y cherchais mais j’y ai trouvé ce que je n’y cherchais pas. Je cherchais au départ des photos des îles Solovki, que je m’imaginais très peu peuplées, uniquement avec des vieilles personnes. Finalement, ce n’est pas du tout cela. Il y a des gens de tout âge, la vie ne s’est pas arrêtée avec la fin du camp. Le photographe s’est concentré sur les gens, plus que sur les paysages. Jean-Luc Bertini porte sur les habitants un regard attendri. Il les montre plein de gentillesse timide.

Références

Solovki – La bibliothèque perdue de Jean-Luc BERTINI (photographies) et Olivier Rolin (texte) (Éditions le bec en l’air, 2014)


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