Les années d’Angleterre de Norbert Gstrein

LesAnneesDAngleterreNorbertGstreinJ’ai trouvé ce roman poisseux (au sens propre comme au sens figuré). Une psychiatre autrichienne se retrouve à Londres dans une exposition organisée par l’Institut autrichien où elle tombe sur une photo de Hirschfelder, un écrivain autrichien très secret, qui a émigré en Angleterre juste avant la Seconde Guerre mondiale. Le nom de cet auteur ne dit pratiquement plus rien à personne. Ce n’est pas son cas car le monsieur a été le sujet des recherches de son ex-mari, Max, dont elle est séparée depuis cinq ans (une des causes pourrait en être la communication écrite par Max sur l’auteur). A cette exposition, il y a aussi la troisième et dernière femme de l’auteur, Margaret. Elle la convie chez elle où elle lui parle de son mari défunt, de leur vie mais aussi du passé de l’écrivain.

En effet, en 1940, lorsque l’on craignait l’arrivée des Allemand en Angleterre, Hirschfelder a été emprisonné dans un camp sur l’île de Man. Son émigration était le fait de son père (non juif et influent) qui voulait le protéger et se protéger aussi (pensez-donc, il n’assumait pas d’avoir fait un enfant avec une femme de confession juive). De plus, sa mère et son beau-père venait de se suicider aux regards des évènements qui se passaient dans le pays. Son père, donc, l’avait envoyé dans la famille de sa secrétaire-maîtresse, la famille d’un juge où il devait faire différents travaux et apprendre l’allemand aux enfants. Là dessus, il tombe amoureux de la bonne Clara, la femme (un brin psychopathe et parano) le prend en grippe et en souffre douleur, il se prend d’affection pour la grand-mère, il laisse le juge indifférent. Tout cela aurait pu bien se passer mais tout le monde prend peur : Clara fuit, la mère ne le soutient pas quand la police vient pour l’emmener. Et donc le voilà dans un camp sur l’île de Man. Un camp que les Anglais trouvaient un peu trop bien pour leurs prisonniers puisque quand Londres était sous les bombes, l’île restait épargnée. Il rencontre là-bas des compatriotes qui sont bien sûr différents de lui et se rapproche de deux hommes le Blafard et le Balafré (deux amis qui ont une histoire commune) et d’un troisième Harasser qui se prétend de la même région que notre écrivain. Ce dernier a aussi une histoire compliquée puisque ses parents l’ont envoyé en Angleterre après qu’il soit tombé amoureux d’une jeune fille juive qui se cachait, avec son père, dans l’hôtel de la famille (où ils ont été arrêtés si on simplifie).

Sur son lit de mort, Hirschfelder confie à sa femme avoir tué un homme, Harasser. Elle, elle ne sait pas qui c’est au moment où il lui en parle. C’est la psychiatre autrichienne qui va découvrir tout cela après enquête. En fait, non, elle va imaginer tout cela après enquête et rencontre des deux autres femmes. On va alterner présent (et donc enquête et rencontre) et passé (récit à la deuxième personne du singulier, inventé par la psychiatre suivant ce qu’elle croit savoir). Ce qu’elle va découvrir, c’est que tout le passé de l’homme est différent de ce qu’elle croyait mais aussi que l’identité de cet homme est multiple puisque chaque personne qui l’a rencontré le décrit de manière différente et surtout contradictoire. J’ai lu que c’est un roman sur l’identité mais personnellement je crois que c’est plutôt un roman sur l’absence d’identité. L’homme est changeant, multiple, incohérent, menteur et finalement, ce que je retiens est que l’identité est faite par l’homme qui la possède et non par son entourage.

Pourquoi ai je trouvé ce roman poisseux ? Tout simplement parce qu’il n’y a rien qui illumine le roman. On reste aux niveaux de petites mesquineries, de trajectoires de vie qui n’ont rien apporté à personne. Rien n’élève le débat ; cela donne l’impression d’être englué dans une histoire d’usurpation d’identité, de mensonge (mais aussi d’insatisfaction pour la psychiatre) et de ne pas pouvoir en sortir. J’ai lu le livre en entier avec intérêt mais à chaque fois que j’ai fermé le livre, je ne me suis pas sentie bien et je n’avais aucune envie de le reprendre.

Références

Les années d’Angleterre de Norbert GSTREIN – roman traduit de l’allemand par Bernard Lortholary (Du monde entier / Gallimard, 2002)


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Commentaires

2 réponses à “Les années d’Angleterre de Norbert Gstrein”

  1. Avatar de niki

    bien, je ne vais pas m’y intéresser après ton billet – bien écrit, mais le roman ne m »attire vraiment pas

    1. Avatar de cecile
      cecile

      C’est une de mes plus mauvaises notes sur LibraryThing donc tu as bien raison.

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