J’ai lu ce livre il y a quelques temps déjà, à la fois en papier (pris à la bibliothèque) et en ebook (parce que je ne l’avais pas fini quand j’ai du le rendre). Mon avis est qu’il faut le lire en livre papier car le ebook ne reproduit pas le haut des pages, qui sont pourtant très drôle.Typiquement, l’histoire n’est pas des plus fascinantes. Une prof de sport et de biologie entame sa dernière année scolaire dans un lycée qui devrait se reconvertir à la fin de l’année, faute d’élève (bonjour, madame la répétition). J’ai oublié de préciser que l’on était en ex-RDA et que la région se vidait de sa population. Elle ne veut pas participer à cette reconversion qu’elle voit comme une décadence comme à peu près tout. Pendant cette année, on voit suivre les réflexions de cette prof sur ces élèves, sur son mari qui s’est reconverti dans l’élevage d’autruches, sur sa fille partie aux États-Unis au temps de la RDA et qui n’est jamais revenu. On la sent très seule. Cela fait de la peine. Donc en soit, je dirais que je me fiche un peu de cette histoire (des fois, je suis insensible).
Sauf que cette prof est prof de BIOLOGIE et de SPORT. Judith Schalansky a pris le parti de donner à cette prof le regard d’un entomologiste. Elle voit ses élèves, sa vie en générale, comme des êtres biologiques dont il faut disséquer le comportement. Il ne faut pas oublier qu’elle est déprimée donc cela peut être très méchant, mais aussi très juste et très lucide. J’ai ricané tout au long de ma lecture.
Un petit extrait (je n’ai pas noté ceux où elle parlait de ses élèves puisque le livre appartenait à la bibliothèque). Celui-ci donne quand même une idée du ton du roman.
Seule une chose parfaite ne poursuit pas son développement. L’évolution n’est rien d’autre qu’un aveu d’imperfection. […] Le seul fait que l’homme aille à l’école témoigne de l’insuffisance de sa constitution. La plupart des autres animaux étaient achevés dès la naissance. Pour la vie. À la hauteur. Ils tenaient sur leurs pattes au bout de quelques heures. Tandis que les hommes restaient toute leur vie inachevés. Créatures déficientes.
Un autre extrait (plus en rapport avec l’Histoire que la biologie) :
La vie était sans but et fortuite, mais nécessaire. Tout était possible en théorie. Mais pas en pratique. On se faisait des films. Et puis, finalement, c’était tous les jours la même chose. À condition de s’adapter. S’adapter aux conditions. Fallait toujours que le changement mette si longtemps à arriver. Et quand cela venait à changer, ce n’était pas dans le bon sens. Et puis tout allait alors bien trop vite. Il était impossible de décider rétrospectivement si un système était pire qu’un autre. L’un d’entre eux s’était montré le mieux approprié. La nature ne fait pas de sauts. L’histoire, si.
Je vous conseille vraiment ce livre (qui n’est pas du tout déprimant) très original pour son texte plutôt que pour son histoire.
Références
L’inconstance de l’espèce de Judith SCHALANSKY – roman traduit de l’allemand par Matthieu Dumont (Actes Sud, 2013)
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