J’ai piqué cette idée de lecture dans le Canard enchaîné. La quatrième de couverture est laconique : « En 1946, Murray Leinster imagine les dérives d’un réseau informatique mondial ». Le livre est en réalité une nouvelle puisqu’il ne fait que 40 pages.
Un homme, travaillant à la maintenance des « logiques », s’aperçoit d’un problème un jour. Alors qu’auparavant les gens pouvaient chercher toutes sortes d’informations dans le réseau mondial des logiques (qui piochent leurs informatiques dans une sorte de réserve de connaissances), ceux-ci se mettent à proposer des services. Ainsi, l’homme n’est plus obligé de réfléchir mais la solution lui est donnée instantanément (plus intelligente que ce qu’il n’aurait jamais trouvé bien évidemment). Genre : « comment puis-je braquer une banque ?, « comment puis-je me débarrasser de ma femme ? », « comment puis-je rentrer à la maison bourré sans que ma femme ne s’en rende compte ? ». La nouvelle de Murray Leinster étudie les conséquences de la prise de pouvoir insidieuse des machines sur l’homme (ce n’est pas sans rappeler notre situation moderne).
Le texte est excellent et se lit très rapidement d’ailleurs. C’est là tout le problème. Murray Leinster avait vu une situation qui allait se produire mais il n’a pas eu la prétention d’en faire un roman. Je trouve que cela aurait mérité plus de pages car là, on reste superficiel au niveau de la réflexion, puisque à la fin des 40 pages, le problème est réglé. La réflexion est montré par des situations qui aboutissent trop vite pour qu’on est vraiment le temps de réfléchir. À la fin du texte, on a envie de crier : ENCORE ! ENCORE !
Pour donner une idée du style, je mets un extrait du passage qui m’a le plus enchantée :
Si quelque chose d’équivalent était arrivé à l’époque des cavernes et si on avait été obligés de ne plus faire de feu… si on avait dû arrêter de se servir de la vapeur au XIXe siècle, et de l’électricité au XXe… c’était la même chose. Nous avons une situation très simple. AU XIXe siècle, l’homme était obligé de se servir d’une machine à écrire, de la radio, du téléphone, du téléscripteur, des journaux, des bibliothèques publiques, des encyclopédies, des fichiers, des annuaires, plus les services de messagerie, d’avocats-conseils, de chimistes, de médecins, de diététiciens, d’archivistes, de secrétaires… tout cela pour noter ce dont il voulait se souvenir et pour lui dire ce que d’autres personnes avaient noté et qu’il désirait savoir ; pour transmettre ce qu’il disait à quelqu’un d’autre et pour lui transmettre ce qu’ils répondaient.
Tout ce qu’il nous faut, à nous, ce sont les logiques. Lorsque nous voulons savoir, ou voir, ou entendre quelque chose, lorsque nous désirons parler à quelqu’un, nous pianotons sur les touches d’un logique. Coupez les logiques et tout va fiche le camp.
Références
Un logique nommé Joe de Murray LEINSTER – traduit de l’américain par Monique Lebailly (Le passager clandestin / dyschroniques, 2013)
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