Quatrième de couverture
« Il y a dans chaque femme une rumeur, comme dans une coquille. Cette rumeur est une sorte de CONTINUO qui accompagne tous les gestes et les paroles de sa vie. Et c’est ça que nous n’oublions jamais, alors que leur nom même est perdu, que leur forme est retournée dans la foule, cette musique nous revient parfois et ressuscite le passé. »
Ronde amoureuse, légère et douce-amère, Othon et les sirènes est un roman d’initiation et de tentations : il me en scène un jeune homme à la recherche de la passion et qui va surtout se rencontrer lui-même. Dans le style inimitable de cet auteur notoirement méconnu qu’était Pierre Girard, il nous offre un moment de grâce comme la littérature sait nous en réserver pour peu que l’on prête l’oreille.
Mon avis
J’ai pris ce livre à la librairie car je fais confiance à l’éditeur (le libraire avait mis un petit mot d’encouragement aussi) même si cette fois-ci je trouvais la quatrième de couverture un peu grandiloquente (la fin…)
Clairement, l’histoire n’est pas censé casser trois pattes à un canard. Un homme vient se consoler d’une déception amoureuse dans une pension où il était déjà venu exactement pour les mêmes raisons, il y a trois ans. Dans cette pension, mystérieusement, il n’y a que des Grecs. Une jeune femme arrive, notre homme en tombe amoureux. Il est rival d’un autre homme de la pension. Il aime aussi d’autres femmes. Plus exactement, ce qu’il aime, c’est la Femme en général et l’idée d’aimer.
Le livre est très court (80 pages). Pourtant vous ne pouvez mettre que plein de temps à le lire. On s’arrête à chaque phrase en se demandant qui a pu écrire cela, si ce n’est un véritable génie. On relie et on se fait toujours la même remarque. C’est exactement comme le dit la quatrième de couverture : c’est un livre touché par la grâce, par la finesse, par la légèreté. Ce livre est rempli d’images, de figures de style que je n’avais encore jamais lu ! Cette écriture est sublime ! J’ai commencé à me le dire dès le premier paragraphe :
Je ne sais quel goût pour les redites, pour les recommencements m’avait ramené, trois ans après mon premier séjour, à Pension Rothemeer. Je suis de ceux qui vivent toujours la même aventure. Ma vie, dans cent ans, aura du style.
En un paragraphe, avec un style concis, il arrive à dire tout et à faire s’évader notre tête du quotidien. La phrase (notez bien qu’il ne s’agit que d’une seule phrase) qui m’a le plus bouche bée est celle-ci :
Poussé par les mille mains grises du vent, au milieu du rire étouffé de novembre, j’entrai une feuille collée à mon chapeau, dans le Bar du Hardi Zébu.
Ce qui m’a échappe dans le livre, sans aucun doute : les liens avec la mythologie grecque et tout ce qui est grecque en général (vu que je n’y connais rien). Pourtant, j’ai adoré. La quatrième de couverture n’était pas du tout grandiloquente.
Références
Othon et les sirènes de Pierre GIRARD – préface de Patrick Baud (L’arbre vengeur, 2012)
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