Quatrième de couverture
Dans sa maison de pierre grise nichée sur les falaises rocheuses du comté de Donegal, Claire, un jeune peintre épris de perfection, accueille pour l’été sa cousine Nuala, kleptomane névrosée en pleine crise existentielle, sur qui pèse l’ombre douloureuse d’une mère récemment disparue.
Dans la maison voisine, Anna, une ancienne décoratrice d’origine hollandaise qui partage son temps entre l’Irlande et son pays natal, tente secrètement de comprendre pourquoi sa relation avec sa fille Lili a échoué.
Mon avis
Quand j’ai visité l’Irlande, il y a deux endroits que j’ai particulièrement aimé. C’est le Donegal et Wicklow. Le Donegal parce que c’est isolé, qu’il peut y faire beau comme moche dans un temps très court, que cela rend la lumière changeante et donc magnifique à mes yeux. Wicklow c’est un peu la même chose mais aussi parce qu’il y a beaucoup plus de reliefs. J’aime bien lire des livres qui me rappellent ces paysages. Voilà le pourquoi de cette lecture.
J’avais déjà Deirdre Madden avant le blog avec son Irlande, nuit froide (je pense que je vais le relire du coup). J’avais apprécié les personnages mais surtout une description bien particulière du conflit Nord-Irlandais. Dans ce livre-ci, on est plus dans le portrait de femmes. Les Irlandais sont plutôt en toile de fond pour leurs caractères et pour la religion. Les paysages sont omniprésents. Tout y est décrit avec précision car c’est censé être fait Claire qui est peintre dans l’histoire. Elle apprécie donc les formes, les matériaux (dans le Donegal, c’est plutôt la pierre) et la lumière.
Passons quand même à ce qui fait l’essence du livre : le portrait de trois femmes. Et là, le livre est typiquement irlandais (c’est une période d’avant le blog pour mes lectures). Ce sont trois femmes bien compliquées, qui semblent s’être réfugiées dans la solitude pour masquer une dépression. Nuala est la dernière arrivée. Elle est devenu kleptomane à la suite du décès de sa mère, deux semaines après l’annonce qu’elle était enceinte. Bien sûr, elle l’adorait mais a l’impression de ne pas l’avoir assez comprise, de ne pas s’être assez rapproché d’elle. Il y a aussi la douleur qu’elle ne soit pas là pour voir le bébé. Elle a une vie qu’elle ne comprend pas : un mari aimant, avec qui elle connaît le succès dans la restauration, un bébé mais pourtant elle n’est pas si heureuse qu’elle aimerait l’être (qui est dans ce cas-là, j’aimerais bien le savoir).
Claire vit heureuse, seule, dans sa maison venteuse et désolée du Donegal. Pourtant, on découvre progressivement qu’elle a beaucoup de blessures. Une fausse couche à l’Université, une amie qui est morte d’une longue maladie deux ans après la fac, un homme Markkus qui n’est plus là mais on ne sait pas trop pourquoi. Elle a beaucoup voyagé en Europe aussi pour étudier l’Art dans les musées, dans les églises … On ne comprend pas vraiment ce qui fait qu’elle a emménagé il y a trois ans dans cette maison du Donegal (il est très important pour elle que ce soit une location comme si elle n’était pas fixé), et ce même si c’est un retour sur les terres de son enfance.
Anna est de loin celle des trois qui est la plus ouverte mais elle cache sa mauvaise relation avec Lili.
Ce qui est bizarre, c’est que Deirdre Madden se concentre sur le présent. On n’a pas l’impression d’avoir tous les faits pour comprendre. On ne saura pas pourquoi la mère de Nuala est morte, on ne saura pas pourquoi et comment Markkus n’est plus là, on ne saura pas qui était vraiment Alice pour Claire, on ne sait pas vraiment comment la vie d’Anna et de Lili s’est déroulé après le divorce. C’est pour cela je pense que le livre est plutôt une esquisse des sentiments de trois femmes dans le Donegal (d’ailleurs elles ne sont pas décrites physiquement) plutôt qu’un roman avec une histoire, début, milieu et conclusion comprise dans le pack.
Ce qui est intéressant de voir aussi, c’est qu’il n’y a qu’un homme dans l’histoire, c’est Kevein. Il était étudiant en histoire de l’Art avec Claire mais il connaissait Nuala de bien avant. Il a épousé Nuala mais on sent qu’il y eu quelque chose avec Claire. Il a abandonné sa vocation d’artiste pour ouvrir le restaurant que sa femme voulait ouvrir, lui avait seulement lancé l’idée en l’air. La réalisation c’est uniquement sa femme. Il n’a pas une grande présence dans le livre et son rôle se limite à être le mari de Nuala. Il semble moins s’interroger sur lui-même ou sur sa vie (cela donne l’impression qu’il est un peu balourd, moins profond). Il l’accepte tel quel et n’en est pas mécontent.
C’est d’ailleurs pour cela que le livre s’appelle Rien n’est noir parce que la conclusion qui s’en dégage c’est que la vie n’est jamais si noire qu’on veut bien le croire. Il y a toujours une petite lumière à l’horizon. Un peu comme dans la ciel du Donegal.
Un autre avis
Celui d’Yvon bien sûr !
Références
Rien n’est noir de Deirdre MADDEN – traduit de l’anglais par Nordine Haddad (Belfond, 1996)
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