C’est le neuvième livre de Jennifer Johnston que je lis. Elle ne m’a déçue qu’une seule fois et ce n’est certainement pas avec cet opus-ci qui est, à mon avis, un de ses livres les plus réussis.
Au départ, ils étaient deux, Geoffrey et Beatrice. Puis six enfants sont venus se rajoutés, cinq garçons et une fille. Ils habitent Kildarragh, une belle bâtisse près de Galway. Ils y vivent heureux. En tout cas, on le suppose car cela se passe avant le début du roman. Les enfants grandissent et commencent à prendre leurs envols : l’aîné va étudier à Dublin. Il, Greg, se marie en secret avec Nonie et à une fille, Polly. C’est elle qui nous raconte l’histoire de Kildarragh de sa naissance (à elle) jusqu’à la mort de ses grands-parents, qui marquera la vente de la maison.
La guerre, la Seconde, éclate. Bien que l’Irlande soit neutre, Greg s’engage dans les troupes britanniques. Il décédera au combat. Jassie elle aussi s’engage à Londres (où elle vivait avant) dans la surveillance aérienne (si j’ai bien compris). Elle mourra dans un bombardement. C’est une première épreuve pour la famille.
Pour autant, cela ressoude. En plus, il y a Polly que tout le monde appelle Baby parce que c’est le bébé de la famille. Il y a aussi Sam, l’oncle de Polly qui n’a pas eu le temps de connaître Greg car il est né seulement cinq ans avant Polly. Entre les deux enfants, un lien indéfectible, encouragé par les adultes, se noue. Pourtant, Polly et Nonie après la guerre partiront s’installer à Dublin. Polly ne reviendra que pour les vacances voir « sa » famille (en opposition avec la nouvelle famille de Nonie). Elle grandit et connaît les joies de l’enfance, les difficultés de la préadolescence. On ne lui dit pas tout pour ménager son enfance. Elle le vit plus ou moins bien, pleure beaucoup et souvent. Pourtant, quand Sam (qui l’aime comme une fille et non comme une nièce) décide de partir à Cuba pour s’engager aux côtés des communistes, il ne le dira qu’à elle et lui demandera le secret, secret qu’elle gardera malgré les demandes répétées de ses grands-parents.
Il y a la mort du chien adoré par toute la famille ou plutôt adoré comme un membre de la famille. Il y a la tentative de mariage d’un des fils, Harry, avec une toute jeune fille. Le problème qui se posera n’est pas l’âge mais la différence de religion.
Comme vous le voyez, il y a une multitude de personnages qui sont tous attachants, bien décrits. Ce n’est absolument pas difficile de s’y retrouver. On n’a pratiquement l’impression de faire partie de la famille.
Ce qui m’a particulièrement plu dans cet opus de Jennifer Johnston c’est la manière dont elle se met dans les pas de Polly. Le texte est censé avoir été décrit par Polly plus tard mais à chaque, on a l’impression de ressentir ce qu’elle a ressenti au moment de l’histoire. C’est un peu comme les mémoires d’une vielle femme, comme une histoire que raconterait une grand-mère à ses petits-enfants, autour d’un feu de cheminée.
En conclusion, Jennifer Johnston dit les ombres qui passent dans une maison au cours de la vie de celle-ci. C’est fait avec nostalgie et une douce mélancolie. Cela touche au cœur.
Références
Shadowstory de Jennifer JOHNSTON (Headline Review, 2012)
Paru pour la première fois en 2011.
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