De la quatrième de couverture, on apprend que ce livre retrace les dix dernières années de la vie du compositeur français Maurice Ravel (1875-1937). À cela, l’éditeur ajoute un extrait qui montre toute la distanciation et l’humour que Jean Echenoz met dans la description de son personnage.
Comme dans Courir du même auteur, Ravel ici n’est pas une personne célèbre dont on cherche à reconstituer la vie de manière linéaire et exacte (même si on se rend bien compte qu’il y a un soucis du détail chez Echenoz) mais plutôt un homme qui devient le héros d’une histoire, d’un destin. Comme dans tout destin, il y a l’ascension, l’apogée et la chute. Comme pour Zatopek, Echenoz décrit la vie de Ravel comme quelque chose d’inéluctable, qui devait se produire quoi qu’il arrive. Ravel n’est qu’un jouet dans cette destinée. Il ne fait rien de particulier. Il se contente de subir. C’est l’impression que l’on a en lisant ce roman.
Le procédé est toujours : Jean Echenoz place son narrateur en observateur de l’histoire (parfois il arrive cependant à lire les pensées de Ravel), ce qui lui permet beaucoup de choses, entre l’humour et la distanciation comme je le disais.
L’impression que j’ai eu c’est de lire la vie de quelqu’un de normal (on suit beaucoup Ravel dans sa vie quotidienne, dans ses habitudes alimentaires, vestimentaires). Seul l’œuvre laissée compte. Cette impression s’est renforcée chez moi à la lecture des dernières phrases :
Il se rendort, il meurt dix jours après, on revêt son corps d’un habit noir, gilet blanc, col dur à coins cassés, nœud papillon blanc, gants clairs, il ne laisse pas de testament, aucune image filmée, pas le moindre enregistrement de sa voix.
La personne ne restera pas pour nous mais les œuvres si.
Remarque qui n’a rien à voir : j’ai trouvé la mort de Ravel très triste (comme pour Zatopek, on s’attache à notre héros « normal »). Suite à un accident de voiture, il perdait la tête. Son entourage s’inquiète car les absences sont de plus en plus fréquentes. Il l’emmène voir les plus grands spécialistes et comme c’est Ravel on décide de l’opérer par une opération plus qu’expérimentale. Il n’en sortira pas vivant.
Références
Ravel de Jean ECHENOZ (Les éditions de Minuit, 2006)
Livre lu dans le cadre des 12 d’Ys dans la catégorie auteur francophone (j’avais déjà lu Echenoz mais on fait comme si d’accord)
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