Quatrième de couverture
Lorsque le 28 mai 1825, il prend le commandement de la goélette L’Aventure, Guillaume Lesquin n’a que 22 ans. Deux mois plus tard, il fait naufrage en plein hiver austral aux îles Crozet, aux confins des océans Indien et Antarctique. À terre comme en mer, il dirige ses hommes, explore l’île à la recherche de nourriture, imagine des moyens d’alerter les secours, mais doit faire face à des bagarres qui conduisent les naufragés à se scinder en deux groupes. Les rescapés seront secourus au bout de dix-sept mois par un baleinier anglais. De retour en France, Lesquin écrit cette aventure digne de Jules Verne, avant de repartir sur les mers.
Le contexte
L’archipel de Crozet a été découvert en 1772 par l’expédition de Nicolas Thomas Marion-Dufresne. Il fait débarquer son second Julien Marie Crozet d’où le nom de ses îles. Très tôt, beaucoup de monde s’intéresse à Crozet à cause de la présence de nombreux phoques. Cela ira même jusqu’à leur quasi-disparition vers 1835. C’est dans ce contexte que s’inscrit ce court récit de naufrage.
Il faut dire que les naufrages étaient nombreux. Wikipédia nous cite notamment l’exemple du chasseur de phoques britannique Princess of Wales en 1821 où les marins sont restés 2 an sur l’île avant d’être secourus.
Mon avis
Guillaume Lesquin n’était donc pas écrivain à la base mais bien marin. L’époque voulait que tout le monde sache maîtrise son passé simple (on ne parle pas du subjonctif bien évidemment) et du coup, on voit que le récit date un peu mais dans l’ensemble il se tient et est vraiment très intéressant. On n’a l’impression d’y être : dans les querelles, on sait le nombre de phoques tués pour quoi faire … C’est assez étonnant car visiblement le récit n’a pas été écrit au jour le jour mais bien rétrospectivement alors que le naufrage a tout de même duré 17 ou 18 mois (c’est un peu maladroit de la part de Guillaume Lesquin de mélanger cela : dans tout le récit il insiste sur le moment et parfois on voit le regard sur le passé).
On ne peut être qu’admiratif de l’ingéniosité et de la ténacité mis en place pour survivre parce que je ne pense pas qu’aujourd’hui n’importe qui serait capable de faire cela. On peut aussi se rendre compte de la difficulté de calmer les tensions, de vivre avec une fin qui semble inévitable (même si à lire wikipédia, il semble que beaucoup de bateaux croisaient aux larges de Crozet). Cependant le lecteur moderne ne peut s’empêcher à toute cette nature détruite (surtout ces pauvres phoques, ces œufs de manchots détruits).
Si vous aimez ces histoires de voyage dans le froid de l’hémisphère sud, vous aimerez sans aucun doute la bande dessinée d’Emmanuel Lepage, Voyage aux îles de la désolation, récit d’un périple moderne. On retrouve Crozet mais aussi Kerguelen …
Références
Les Naufragés de l’Aventure de Guillaume LESQUIN – présentation de François Graveline (Nicolas Chaudun, 2010)
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