Quatrième de couverture
« J’ai demandé, mais vous n’entendez rien, écoutez un peu. Ce sont les moules, a dit ma mère, et je me rappelle encore ce que j’ai dit, n’est-ce pas que c’est atroce, alors que je savais bien qu’elles étaient encore vivantes, mais je ne m’attendais pas à ce qu’elles fassent ce craquement avec leurs coquilles, je m’attendais seulement à ce que l’on fasse cuire et à ce qu’on les mange, sans plus… »
Prenez quatre kilos de moules, grattez un peu les sentiments, faites frémir au court-bouillon du ressentiment, assaisonnez d’humour féroce, et vous aurez le plus abominablement drôle des dîners de famille.
Mon avis
L’autre jour, je farfouillais dans les rayons de Sauramps à Montpellier (parce qu’il faut au moins faire 70km aller – 70km retour pour aller dans une librairie, pas parce qu’il n’y a pas de librairies avant en sachant qu’il y a une antenne Sauramps à Alès mais bien parce que quand vous avez payé 30 euros de billets de TER, vous ne pouvez pas vous permettre de n’y aller pour acheter qu’un livre de poche, il faut quand même repartir avec un stock conséquent, avoir fait au moins deux, trois découvertes de livres que vous n’auriez pas acheter, enfin il faut que cela vaille le coup quoi et du coup vous n’avez aucuns scrupules – d’un autre côté je n’en ai pas souvent quand je vais en librairie) et j’ai trouvé ce livre par le plus grand des hasards (et surtout parce que j’aime cette collection et parce que la tranche est rose et que du coup cela se voit bien dans les rayons tout de même). Après m’être justifiée sur le fait d’avoir trouvé un livre dans une librairie (je sais que cela peut être difficile à croire, c’est pour ça que j’insiste), je vais vous parler de ce nouvel écrivain fétiche que je viens de découvrir ! Parce que j’ai beaucoup, beaucoup, beaucoup aimé ce livre !
Vous êtes tout de suite embarquée par cette histoire de moules que l’on prépare avec une certaine effervescence pour le retour du père prodigue. Il doit revenir à une certaine heure pour annoncer qu’il est pratiquement sûr de passer cadre dirigeant ! On pense tout de suite à une famille soudée, qui essaye de gravir difficilement les échelons de la société ouest-allemande (ils ont fuit l’Est). Les parents ont d’assez hautes exigeantes vis-à-vis des enfants, une fille et un garçon. Mais au fur et à mesure, le dîner dérape : le père n’arrive pas, les enfants et la mère se saoule et on commence à voir les fissures dans cette famille unie. Finalement, le père impose une ambiance « pourrie » et tout le monde est bien content quand il n’est pas là pour faire son tyran, dénigrer tout le monde et pense qu’il n’y a que lui détienne la vérité. Birgit Vanderbeke aurait pu le faire sur un ton larmoyant mais elle choisit l’humour, une dénonciation sous forme de ne pas y toucher. Elle adopte le point de vue de l’adulte, avec un style parlé qui finalement rajeuni le récit. Cela donne un style hybride mi-enfantin, mi-adulte. La fin est terriblement drôle et finalement ouverte.
Bien sûr, il n’y a plus aucun livre de cette auteur à Sauramps. Je ne pourrais pas utiliser ce prétexte pour y retourner.
Références
Le dîner de moules de Birgit VANDERBEKE – traduit de l’allemand par Claire de Oliveira (La Cosmopolite – Stock, 2000)
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