Présentation de l’éditeur
Deux hommes se promènent le long du Rhin, plongés dans une discussion sur la littérature. L’un est écrivain, l’autre son éditeur. On est au cœur de l’hiver, l’ancien bras du fleuve est gelé, pourtant le fœhn souffle, annonciateur du printemps. De loin, les promeneurs aperçoivent soudain un grand chien noir qui court à leur rencontre sur la glace, mais elle cède sous son poids et il tombe à l’eau. Pendant que son ami part chercher du secours, l’écrivain rampe jusqu’au chien qui s’agrippe à sa manche. Très vite, il comprend qu’il risque de sombrer avec lui. Pourquoi ne renonce-t-il pas, pourquoi refuse-t-il, au mépris de sa vie, de laisser le dernier mot à la mort ?
Michael Köhlmeier a perdu sa fille aînée après une chute mortelle en montagne. Comment la retrouver par l’écriture sans que sa mort devienne un objet littéraire, c’est tout l’enjeu de ce livre admirable.
Mon avis
Le livre est dédicacé à Monika, Oliver, Undine, Lorenz et à « notre chère Paula ». Dès le début, on sait, à partir de la quatrième de couverture, qu’il va y avoir une grande part autobiographique dans ce livre.
L’éditeur a choisi de commencer par la fin du livre (au passage, ils ne sont pas plongés dans une discussion sur la littérature puisqu’il ne se parle pas). Le début décrit comment Monika et le narrateur vivent côte à côte, tout en étant séparer par leur chagrin. Ils s’aiment et veulent continuer à vivre ensemble. Ce n’est pas le contraire qui est dit. On sent la vie bien planifiée, où aucune « surprise » ne peut arriver, la vie est alors plus rassurante. Chacun se promène séparément dans la semaine et le week-end, il se promène ensemble (comme une intimité retrouvée). Monika a sa jungle et le narrateur internet et ses livres. Le fait que leur fille est morte d’une chute en montagne n’est dit que tard dans le roman mais on comprend qu’il y a quelque chose. Chacun d’eux veut écrire sur Paula et sa mort mais ils ne s’en parlent pas.
Alors, forcément, quand l’éditeur du narrateur décide qu’il veut passer au tutoiement après des années de collaboration et qu’en plus il veut venir chez le narrateur pour les corrections de manuscrit, le narrateur le vit comme un évènement. Il se sent gêner. Il aimerait avoir des conversation sur la littérature avec son éditeur (il les fait dans sa tête finalement) mais il découvre un autre homme, ou plutôt il découvre l’homme.
On ne sait jamais dans le livre quels sont les éléments littéraires et quels sont les éléments de la vraie vie. Il y a une réflexion et un aller-retour éternel entre les deux.
L’éditeur n’aime pas les chiens mais lors d’une promenade solitaire, il va s’attacher à un chien errant. Le lendemain, le narrateur et l’éditeur vont se promener ensemble et revoit le chien. Là se passe l’épisode de la quatrième de couverture. C’est une scène poignante car on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec la fille qui un jour avait courut vers son père les bras ouverts pour lui dire bonjour. On ne peut s’empêcher de penser que c’est elle qu’il retient dans ce lac. Mais l’auteur lui ne le dira jamais comme si finalement, la littérature ne pouvait pas tout dire d’un tel malheur.
Références
Idylle avec chien qui se noie de Michael KÖHLMEIER – roman traduit de l’allemand par Stéphanie Lux (Éditions Jacqueline Chambon, 2011)
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