Pour tout vous racontez, j’ai une pile de bandes dessinées juste à côté de mon lit pour quand la nuit est trop longue. L’adaptation du roman de Kafka était la première de la pile. Je n’ai pas lu le livre qui est pourtant dans ma PAL (qu’est-ce qui n’y est pas ?) mais il y a des gens qui lisent des livres sans image, par exemple Lilly … Je connaissais l’histoire, un peu comme vous je suppose, Joseph K. est accusé, il ne sait pas de quoi et doit combattre une justice complètement absurde (pire que l’administration des douze travaux d’Asterix). Dans l’avant-propos, on nous explique que le roman peut être interprété de différentes manières :
Le roman le plus célèbre du grand écrivain tchèque, qui n’a été publié qu’après sa mort, a souvent été interprété comme une parabole de la bureaucratie poussée à l’extrême, montrant un homme, arrêté pour un crime qui ne lui est jamais expliqué, qui n’a pas droit à un véritable procès.
Kafka, qui avait lui-même fait des études de droit, écrivit ce roman la nuit, en rentrant de son travail dans une compagnie d’assurances pragoise où il fut employé toute sa vie. Il n’est pas difficile de mettre en parallèle sa vie professionnelle sans envergure et le spectre abominable de la bureaucratie évoqué dans son chef-d’œuvre.
L’histoire de Joseph K. peut aussi être simplement lue comme une allégorie du contrôle de l’État sur les individus, une sorte de précurseur de 1984 de George Orwell, roman dans lequel un citoyen innocent est lentement dévoré par un horrible étau judiciaire.
Jean-Paul Sartre a quant à lui interprété ce roman comme une allégorie de l’identité juive dans un monde d’antisémitisme latent où la culpabilité et la peur hantent toutes pensée et action individuelles.
Le Procès peu également être lu comme la description d’un monde imaginaire cauchemardesque habité par la crainte que Kafka ressentait envers son père autoritaire.
C’est étrange parce que à relire ce texte, j’ai l’impression que l’auteur (celui qui a adapté le texte) et la dessinatrice n’ont pas choisi le même point de vue. L’auteur a accentué le texte sur l’étau judiciaire, sur l’absurde des phrases des magistrats, un peu moins sur le cauchemardesque des lieux (uniquement par les archives de la justice dans tous les greniers). Par contre, la dessinatrice elle a insisté sur le cauchemardesque … sur la mort. Franchement, ce n’est pas à ouvrir la nuit pour ne pas faire de cauchemar. Il faut voir qu’il y a des squelettes sur à peu près toutes les pages qui dansent avec des pendules (des fois avec des aiguilles et des fois sans). Cela donne la nausée. Il y a des personnages qui sont effrayants car la dessinatrice insiste sur uniquement des détails du visage (les rires sadiques par exemple). Quand ils sont dessinés dans leur entier (ce qui est quand même la plupart du temps) , les visages sont très durs, très carrés. Tout cela est renforcé par le fait que les dessins sont en noir et blanc, avec une grosse majorité de noir ce qui donne un livre très sombre quand on l’ouvre.
Curieusement, même si j’ai failli en être malade, cette bande dessinée a attisé ma curiosité pour le livre.
Références
Le procès d’après l’oeuvre de Franz Kafka – édition illustrée par Chantal montellier – version anglaise établie à partir de la traduction et l’adaptation de David Zane Mairowitz sous la direction d’Emma Hayley – traduit de l’anglais par Béatrice Castoriano (Actes Sud BD, 2009)
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