Récemment, je me suis offert le livre 1001 livres qu’il faut avoir lu dans sa vie. Pas dans l’optique de lire tous ces livres (et de ne lire aucun autre parce que même moi je trouve qu’il en manque) et de pouvoir ainsi briller dans les dîners où je ne vais pas. Mais plutôt dans le but de découvrir parce que quand j’entends à la radio, il faut lire Butor mais pas ses œuvres de maintenant mais celles des années 50 et que du coup je me retrouve perdue et je ne sais pas par lequel commencer. De même quand on me dit que Robbe-Grillet est un grand auteur. Personnellement, j’associe cet auteur à un roman érotique qui a été obligé d’être mis sous cellophane. Alors je me retrouve à me demander pourquoi il faut le lire. Ce livre va me permettre de découvrir tout cela et plus parce que par fois, la radio semble parler à des gens qui savent déjà tout. J’apprécie donc le point de vue anglo-saxons sur la littérature française car il permet à mon avis au début de se concentrer sur l’essentiel.
Ma surprise quand j’ai ouvert ce livre c’est de découvrir plein d’auteurs inconnus de moi même de nom (en gros je dirais 70%). Je peux dire merci aux blogs car avant ce pourcentage aurait plutôt avoisiner les 95 voire plus. Ce livre, c’est comme ouvrir une porte sur un nouveau monde. J’ai commencé ma découverte avec Le juge et son bourreau de Friedrich Dürrenmatt.
La quatrième de couverture est la suivante :
Dans un petit bourg helvétique, un policier modèle est retrouvé assassiné. Baerlach, un vieux commissaire malade, amateur de cigares, de vodka et de bonne chère, enquête sur cette mort, tout en luttant contre la sienne qui s’annonce prochaine. Son supérieur cherche à ménager la susceptibilité des notables locaux, tandis que son adjoint, petit flic un rien minable mais dévoré d’ambition, tente de jouer ses propres cartes. Dans l’ombre, le meurtrier, genre Méphistophélès, disserte sur le bien et le mal, qu’il tient pour étant de possibilités égales…
Comme dans La Panne, Le Juge et son bourreau se déploie sur fond d’intrigue policière. Mort et maladie forment un diptyque tragique où se reflète le dérisoire pantomime de la comédie humaine.
J’ai donc choisi ce livre pour le côté enquête policière. Pour vous situer Baerlach, il est entre Maigret et Inspecteur Morse (dans le dernier roman de Colin Dexter Remords secrets). Dans la phase enquête, on parle de tout sauf de l’enquête. Bien sûr le dénouement n’en est que plus extraordinaire (et je peux vous dire quel finish !!!). On comprend donc que le roman n’est pas un roman policier. L’idée c’est donc de faire passer autre chose. Une critique ouverte de la police helvétique en premier lieu (il parle beaucoup de la police scientifique). Mais aussi, une réflexion sur la fin de la vie. En effet, Baerlach va donc mourir si on ne l’opère pas d’un cancer de l’estomac visiblement. Il va chercher à régler des comptes et faire justice lui-même comme si ce qui était humain ne comptait plus (pourtant cela à gouverner toute sa vie). Il y a aussi une impression de fatalité qui plombe le roman. C’est un bon roman même si je n’ai pas tout compris, entre autre l’apparition du lien qui m’a semblé factice entre le « méchant » et Baerlach.
Une lecture donc qui m’a laissé l’impression de ne pas avoir tout compris, un goût d’inachevé. Je ne l’aurais pas mis dans les 1001 livres qu’il faut avoir lu. Par contre, comme je suis curieuse, je me suis tournée ver La Panne dont parle la quatrième de couverture.
Et là par contre je l’aurais mis dans les livres qu’il faut avoir lu. La quatrième de couverture est la suivante :
« Nous ne vivons plus sous la crainte d’un Dieu, d’une justice immanente, d’un Fatum comme dans la Cinquième Symphonie ; non ! plus rien de tout cela ne nous menace. » Notre monde n’est plus hanté que par des pannes. Pannes de voiture, par exemple, comme celle de la Studebaker d’Alfredo Traps, un soir, au pied d’un petit coteau…
Et voilà comment ce sympathique quinquagénaire rencontre ce jour-là son Destin, charmant vieux monsieur qui l’invite à passer la nuit chez lui. Juge à la retraite, celui-ci passe d’excellentes soirées, en compagnie de ses amis, l’avocat et le procureur à reconstituer de vrais procès. Celui d’Alfredo Traps commence comme un jeu …
La Panne, ce chef-d’oeuvre d’humour noir, a été porté à l’écran en 1972 par Ettore Scola, sous le titre La Plus Belle Soirée de ma vie.
Ce livre est doucement barré. On commence par rire parce que les quatre personnes (et oui ils sont quatre) sont vieux (plus de 80 ans) et semblent donc inoffensifs. Puis on découvre qu’il y a le juge, l’avocat, le procureur mais aussi le bourreau. Le lecteur commence alors à s’inquiéter d’autant plus que l’accusé se prête de plus en plus au jeu. Jusqu’à avouer un meurtre qu’il n’a visiblement pas commis. Derrière cet humour noir, on voit beaucoup d’autre chose. Dürrenmatt reprendre le thème de la justice faite par des hommes qui ne sont plus ou pas investis de ce pouvoir mais surtout sur l’influence de la parole. En 124 pages, l’accusé passe d’une innocence, dont il est persuadé, à une culpabilité dont il est aussi persuadé (même si il a beaucoup bu pendant les 124 pages). Et cela sans pression évidente. Juste par l’effet de la mise en scène. Ce livre m’a donc beaucoup plu (notamment le finish qui est là encore exceptionnel) même si là encore je n’ai pas tout compris notamment le rôle de la nourriture et du festin gargantuesque.
Il ne me reste plus qu’à trouver le film d’Ettore Scola !
L’avis de Yvon sur Le Juge et son bourreau.
Références
Le Juge et son bourreau de Friedrich DÜRRENMATT – traduit de l’allemand par Armel Guerne (Livre de poche, 1961 pour la traduction)
La Panne – une histoire encore possible de Friedrich DÜRRENMATT – traduit de l’allemand par Armel Guerne (Livre de poche, 1958 pour la traduction)
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