Quatrième de couverture
« J’aime ses mains quand il prend un dessin et, du doigt, très légèrement, suit un tracé pâli ou le contour d’une déchirure. J’aime sa manière vive de tourner les pages de son carnet de croquis et de dessiner hâtivement, assis sur un muret, à la terrasse d’un café ou, même marchant et me parlant, le pas à peine ralenti, le visage baissé, sa main qui tient le carnet, toujours un peu de biais, ses doigts qui vont et viennent très vite sur la page, présent près de moi et pourtant absorbé par tant d’images qui me demeurent étrangères. «
Andrei Mayerov, un Russe passionné de dessins et conservateur au musée de l’Ermitage, traverse l’Allemagne en ruines pour récupérer les œuvres volées pendant la Seconde Guerre mondiale. Il découvre une collection d’esquisses de la Renaissance dans une maison dévastée dont le propriétaire a été exécuté. Quelques mois plus tard, à Berlin, il rencontre la fille de ce dernier, qui attend désespérément des nouvelles de sa famille.
Mon avis
Une fois n’est pas coutume, je me dois de dire un grand merci à Dominique. Parce que sans elle, c’est un livre qui m’aurait échappé parce que je ne farfouille jamais avec autant de talent qu’elle dans le rayon littérature française.
Parce que ce livre est excellent. En 210 pages, Béatrice Wilmos arrive à en dire énormément, à déployer un talent pour la description des personnages, des sentiments et des paysages très variés. Le livre est divisé en deux grandes parties avec en plus des préliminaires et des épilogues. Chacune des grandes parties est dites par un des personnages principaux : Andrei et Anna.
Dans la première, on découvre donc Andrei, ancien conservateur au musée de l’Ermitage de Leningrad, qui suit à l’arrière les troupes russes, en janvier 1945, pour pouvoir récupérer les œuvres d’art abandonnées par les Allemands en fuite. Par un concours de circonstances, il se retrouve à aller avec un prisonnier français, François, dans une maison abandonnée où le prisonnier avait plus ou moins servi d’homme à tout faire. Ils trouvent des dessins mais surtout un album de Menzel où est représentée la maison dans sa joie, sa vie heureuse. François explique à Andrei que la Russie peut garder les dessins mais fait appel aux bons sentiments du Russe pour qu’il rende l’album figurant la maison à la famille. Il donne l’adresse d’un restaurateur de dessins à Berlin qui saura retrouver cette famille. Andrei accepte. Dans cette partie, on découvre les paysages blancs purs, comme peuvent nous les apparaître les paysages de neige, mais souillés par la barbarie. On découvre aussi la souffrance de Andrei lors du siège de Leningrad, par pour lui-même mais pour sa mère, décédée, et pour les dessins. Quand il en parle, on ressent de la légèreté malgré la douleur.
Dans la deuxième partie, on est avec Anna, la fille de la famille, à Berlin pendant l’été 1945. Anna avait deux sœurs et un père. Elle apprend pendant cet été une nouvelle tragique concernant une de ses sœurs. Mais elle reste dans l’expectative pour son autre sœur et son père. Elle travaille pendant ce temps dans un atelier de restauration où le Russe Andrei lui apporte des dessins à restaurer. Cette partie est rédigée sous forme de journal. On y voit l’angoisse mais aussi la naissance d’un sentiment amoureux, un début de vie qui reprend.
L’histoire du roman n’est pas que ça car comme vous vous en doutez le préliminaire (Berlin 1955) et les épilogues (La maison et Berlin 1955) sont importants et donne un sentiment de gâchis à tout ce qui aurait pu être construit.
C’est donc un texte magnifique de Béatrice Wilmos. Rien que pour les descriptions dès que cela parle dessin, c’est un livre à lire.
Références
L’album de Menzel de Béatrice WILMOS (Flammarion, 2010)
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