Quatrième de couverture
Qui est Bobbie Gotteson ? Musicien et meurtrier, paria et vedette, cet « incatalogable » porte le poids d’une identité morcelée, le destin s’acharnant contre lui depuis sa « naissance » dans la consigne d’un terminus d’autobus à New York. Librement inspirée des méfaits de Charles Manson, cette fausse confession met en scène une conscience dynamitée, parasitée par les voix du Dehors, les jurés du tribunal faisant figure de chœur antique dont les tirades rythment le drame de cette vie envahie par la démence, la haine et la pitié. Texte dérangeant et inclassable, qui mêle monologue, dialogues et récit à la troisième personne, Le triomphe du singe-araignée met en dérision la fascination populaire et médiatique qu’éveille la prétendue psychologie du meurtrier, puisqu’ »il y a quelque chose dans la Machette qui nous excite tous ».
Mon avis
Voilà le livre qui m’a réconcilié avec Joyce Carol Oates, littérairement parlant bien entendu. J’ai abandonné Les chutes et Nous étions les Mulvaney car je trouvais les démarrages trop longs et finalement je ne comprenais pas où elle voulait en venir (après j’ai compris que Oates racontait toute la vie de ses personnages, pour nous permettre de mieux comprendre les situations présentes, et que donc cela prend plus de temps que d’en raconter une partie). J’ai donc choisi un texte plus ramassé, 130 pages, mais alors pour le coup très particulier.
Oates se met dans la tête d’un tueur en séries de femmes des années 60 (cela se repère à la quantité de drogues que ce type avale), qui utilise une Machette. Il n’a pas eu un début de vie facile : trouvé dans une consigne de gare, il est adopté par différentes familles (finalement, on n’arrive plus à savoir qui est le vrai père et la vraie mère) et sera condamné très jeune à la prison. Après il rencontrera les mauvaises personnes (notamment une « vieille actrice » râtée, séparée mais encore mariée, qui lui servira de maîtresse et de maman), ce qui le mènera dans le couloir de la mort.
Finalement, ce qui est surprenant dans ce livre, c’est qu’il n’y a pas de narration continue. C’est une série de plan séquence très confus, puisque vous êtes dans la tête du meurtrier. Parfois, c’est donc incohérent, parfois on est pris de pitié, parfois on est pris de dégoût. Mais elle arrive quand même bien à y rentrer dans la tête de ce « taré ». On ne comprend pas forcément au début tout. Mais à la fin, on comprend mieux, lui et ses paroles, comme si on était devenu fou comme Bobbie Gotteson.
En conclusion, c’est particulier mais réussi dans le sens où le projet que Oates s’est fixé a abouti. Par contre, je n’irai pas conseillé ce livre à tout le monde.
Livre lu dans le cadre du challenge Joyce Carol Oates organisé par George.
Un autre avis
Celui de Virginie.
Références
Le triomphe du singe-araignée de Joyce Carol OATES – traduit de l’américain par Claro (Les allusifs, 2010)
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