Quatrième de couverture
Guido Guerrieri est appelé à la prison de Bari pour défendre en appel un prévenu condamné pour trafic de drogue. Reconnaissant en lui Fabio Ray-Ban, l’agitateur fasciste qui fut le cauchemar de son adolescence, il décide de refuser. Or, l’homme clame son innocence : il prétend avoir été dupé par son premier avocat. Et il lui lance : « On raconte que vous ne vous dérobez pas quand la cause est juste. On raconte que vous êtes un type bien. » Guerrieri hésite, car les preuves sont accablantes ; il sait qu’il est malvenu et dangereux de s’en prendre à un confrère. Mais quand la femme du détenu, d’une beauté stupéfiante, se présente à son cabinet, toutes ses réserves s’évanouissent. Séduit par cet avocat malheureux en amour, féru de boxe et de littérature, le lecteur se laisse entraîner dans une affaire qui lui dévoile les rouages de la machine judiciare italienne, ainsi qu’une ville aussi animée qu’inquiétante.
Né à Bari en 1961, Gianrico Carofiglio, juge antimafia, a su puiser dans son expérience professionnelle pour se forger une renommée internationale d’auteur de legal thrillers.
Mon avis
Un legal thriller ? Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Pour cela, il faut regarder wikipedia parce que lui seul à réponse à tout. Donc voilà les liens vers le thriller (« La caractéristique commune des oeuvres appartenant à ce genre est de chercher à provoquer chez le spectateur ou le lecteur une certaine tension, voire un sentiment de peur (qu’il doit cependant trouver agréable) à l’idée de ce qui pourrait arriver aux personnages dans la suite du récit ») et vers le legal thriller (l’article est en anglais).
Au vu de ses définitions, je peux déjà vous dire que nous n’avons pas affaire à un thriller parce que pour le coup je n’ai pas eu peur, ni n’ai ressenti une certaine tension. Pour ce qui est du legal thriller : en effet, le protagoniste principal est un avocat mais c’est tout ce qui peut correspondre à la définition de wikipédia. En effet, rien à voir avec les legal thriller à l’américaine (genre L’affaire pélican de John Grisham par exemple, même si je n’ai pas aimé personnellement).
Je trouve ça bizarre de la part de l’éditeur d’avoir voulu mettre un genre spécifique sur la quatrième de couverture. Quand je vois le mal que j’ai déjà à mettre les livres dans mes catégories, je me dis que c’est vraiment cherché les complications pour rien. C’est un roman qui se suffit à lui-même, pas besoin de chercher à le mettre dans une petite case absolument. À noter le site Evene reprend le terme de legal thriller mais ajoute « à l’italienne ». Sur un autre site, j’ai vu que Gianrico Carofiglio était le chef de file du legal thriller à l’italienne. Qui sont les autres ? Trêve de préambule sur ce sujet qui me laisse perplexe.
C’est un roman agréable à lire pour se détendre, sans plus. Il n’est pas mal ni bien écrit. C’est ce qu’on peut attendre d’un roman policier. On sait que le gentil avocat (même si il couche avec la femme de son client) va gagner à la fin. L’histoire est intéressante et sympathique.
Maintenant, passons aux points négatifs. Gianrico Carofiglio ne fait rien de ses personnages. Par exemple, Guerrieri (dont c’est au moins la troisième enquête publié en France) aime la boxe et la littérature. Le sujet est à peine éfleurer (à part le fameux passage de la librairie dont on parle sur tous les blogs). Par exemple, la femme du client a comme nom Kawabata. L’auteur note juste qu’en effet c’est le nom d’un célèbre auteur japonais (il n’y pas d’envolée lyrique sur le sujet). Finalement, Guerrieri n’a aucune profondeur ; on n’arrive pas à le sentir, lui et ses doutes, ses sentiments pour la femme, rien.
Même dans l’histoire, il ne fait rien de son histoire de mafieux, ni du passé fasciste de Fabio Ray-Ban. Pourtant, ce sont des thèmes que j’aurai aimé voir développer. Le procès occupe environ les soixante dernières pages du livre (avant, il y a une enquête qui n’est même pas fait par Guerrieri, pourtant les avocats ont le droit de le faire en Italie, mais par un flic de ses amis) : on y découvre le système judiciaire italien (et surtout comment les procès sont expédiés). C’est sûrement la partie la plus intéressante parce qu’elle nous fait découvrir un système inconnu avec ses rouages et ses imperfections. De plus, l’ambiance de violence feutrée d’un tribunal est vraiment très bien décrite.
En conclusion, ce que l’on peut reprocher à Gianrico Carofiglio c’est d’avoir décrit la vie quotidienne et surtout réelle d’un avocat en Italie en oubliant que ce n’est pas forcément ce que l’on attend de la littérature.
Livre lu dans le cadre de l’opération Masse Critique de Babelio (Babélio que je remercie bien évidemment et les éditions du Seuil pour l’envoi du livre avec la carte écrite à la main : cela m’a fait très bonne impression). D’autres avis donc chez Babelio et Je lis, tu lis, il lit.
Références
Les raisons du doute de Gianrico CAROFIGLIO – traduit de l’italien par Nathalie Bauer (Seuil Policiers, 2010)
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