J’ai découvert ce livre par le plus grand des hasards à la bibliothèque de Paris. Et pour le coup, c’est une belle découverte. C’est un livre court (une centaine de pages), publié en 1971 par l’auteur yougoslave Mirko Kovač : il ne se voyait ni serbe, ni croate, ni monténégrin, ni bosniaque mais tout à la fois. Je parle de cela car c’est une question qui a son importance dans le roman.
Celui-ci raconte la vie de Malvina Trifković, serbe de bonne famille, de son enfance à la fin de sa vie et de son évolution donc suite aux différents événements auxquels elle a à faire face. Le livre commence par son placement dans une école qui a pour but de sauvegarder les jeunes serbes de tout écart et d’en faire la femme parfaite, en leur enseignant les arts ménagers et les matières fondamentales (les sciences et les lettres, pour pouvoir ne pas faire honte à leur mari) mais surtout la religion orthodoxe. La directrice de l’établissement insiste dessus car c’est ce qui fait que restera la grandeur du peuple serbe. Elle trouve anormal que des enfants orthodoxes soient confiés à des écoles catholiques (romaines) par exemple. Après quelques temps où Malvina donne entière satisfaction, elle fugue avec un homme, un croate, avec qui elle se mariera.
Renié par tous, elle devra vivre dans la famille de son mari, qui elle aussi à un point de vue extrémiste (en tout cas une partie de la famille) : ce qui est grand est croate et pas serbe. Elle se fera renié et maltraité par une grande partie de la famille, au même titre que la mère de la fratrie, serbe elle aussi, a été considérée comme une quantité négligeable par ses enfants (une partie là encore). Ces traitements (à la fois au pensionnat et dans sa famille d’adoption) vont la rendre incapable d’aimer et vont conduire à cet horrible destin qui sera le sien (et celui de ses proches aussi). Elle passe de la fille amoureuse (il y a deux très belles histoire d’amour dans le roman, je n’en dis pas plus) à la femme dure et aigrie.
Le livre n’est pas écrit comme un roman mais plutôt comme une suite de manuscrits rassemblés par un personnage extérieur dans le but de raconter le destin de cette femme. Très peu sont de la main de Malvina ; on trouve par exemple les lettres de la directrice du pensionnat, les lettres d’un de ses beaux-frères (le plus virulent), un testament … Cette manière de raconter l’histoire rend le livre très dynamique et rapide. On va à l’essentiel ; ce qui n’est pas dit peut être facilement imaginé. Le seul bémol que je mettrai est sur la fin qui reste tout de même très énigmatique et laisse à mon avis trop de champ à l’imagination.
Une belle découverte comme je le disais en introduction de ce billet.
Références
La Vie de Malvina Trifković de Mirko KOVAČ – traduit du serbo-croate par Pascale Delpech (Rivages, 1992)
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